Renault-Flins, la transformation concertée

Les 150 embauches annoncées le 24 octobre ne sont qu’une étape dans la transformation de l’usine Renault-Flins. Stéphane Radut, le directeur du site, détaille les perspectives de la Refactory pour qu’elle puisse devenir la première usine d’économie circulaire d’Europe.

« C’est mon usine » comme Stéphane Radut se plaît à dire avec humour, « et je suis fier d’avoir comme mission de la transformer. » Lui, le bébé Renault, rentré il y a 31 ans à l’usine de Cléon en tant que technicien-automaticien – maintenant directeur du site depuis Octobre 2022 – et dont le père était déjà présent dans les effectifs de la marque au losange. Officialisée en 2020, la transformation du site Renault-Flins se fait étape par étape et avec l’annonce des 150 CDI lors des 3 prochaines années, l’objectif de 2026 est atteint. « Nous atteignons les 2 000 salariés, comme promis » ajoute Stéphane Radut. Mais le plus gros du chemin reste à faire puisque pour 2030, c’est la barre des 3 000 qui est visée.

« Grâce à l’arrivée de nouvelles activités en lien avec la mobilité et l’économie circulaire (qu’il tient à garder secrètes, Ndlr), nous avons déjà 600 emplois d’assuré. Il en reste donc 400 à créer» explique l’ancien chef d’atelier maintenance. Sa confiance sur l’atteinte de ce chiffre est multifactorielle. Tout d’abord il constate l’envie de ses salariés de participer à cette nouvelle page : « En juillet c’était nous qui demandions aux gens d’aller voir la bourse aux emplois, maintenant ce sont eux qui demandent où sont les postes vacants. » De plus, parmi les choix forts, la marque au losange a décidé de s’orienter d’abord sur la formation du personnel présent plutôt que le recrutement. Ceux intéressés partent alors pour 42 semaines de formation dans les AFPA des alentours ou sur le campus Renault. Et durant la fin de cette formation, ils feront face au côté pratique dans des garages du réseau Renault puisque ceux-ci seront leurs futurs clients.

Même si les étapes du changement sont déjà en marche, la plus grosse surviendra lors de l’arrêt total de la production de la Zoé, la dernière des 20 millions de voitures neuves produites. « Il faudra après ranger sa chambre correctement » assène Stéphane Radut. En commençant par reclasser les salariés encore présents sur les lignes de montage. 92 % sont déjà sur des activités pérennes et 164 personnes doivent basculer sur d’autres postes. « Nos besoins d’ici juillet sont de 200-250 personnes » avance le directeur du site résolument optimiste. L’arrêt physique est programmé pour mars 2024 mais il faudra attendre la fin d’année prochaine pour condamner les installations électriques, dépolluer les installations, démonter les outillages… Pour le moment Renault ne sait pas encore comment marquer le coup pour cet événement marquant forcément chargé en émotion : « J’aurais été triste si plus aucune voiture ne ­sortait de l’usine. »

Une transformation qui est facilitée grâce aux bonnes relations avec les partenaires sociaux. « Au début il y a eu de la méfiance, car un changement de cap rime souvent avec plan social » raconte le directeur du site, « mais au fur et à mesure, nous nous sommes fait confiance. Personne ne se met dans la posture d’avoir la science infuse. » Pour ce travail qui sera « le plus compliqué » de toute sa carrière, Stéphane Radut veut que son site ne devienne ni plus ni moins que « la première usine d’économie circulaire d’Europe. Avec même la certitude de dépasser les objectifs de sa direction ».