Benoît De Laurens : « On est des gens comme les autres »

Chaque semaine, nous allons à la rencontre d’un maire du territoire pour faire le bilan de sa première moitié de mandat. Direction Chapet, où nous avons échangé avec Benoît De Laurens.

Qu’avez-vous appris sur la fonction de maire depuis votre élection ?
Il y a plein de choses dont on ne se rend pas compte quand on n’est pas dans la partie. Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a un nombre colossal de champs d’intervention. Je m’y suis attelé à temps plus que complet, donc je me suis formé assez vite. Mais ce qui est vraiment une découverte et qui est difficile, c’est que c’est un métier extrêmement ingrat. Quand ça ne va pas, vous avez 20 personnes sur le dos, et quand ça va, il n’y a plus personne. Et les mécontents, ils sont agressifs, méprisants, et ils occupent tout l’espace. C’est dur, parce qu’on est des gens comme les autres. Les gens ne voient pas le mal qu’on se donne. Et ça, psychologiquement, c’est difficile.

Êtes-vous satisfait de votre première moitié de mandat ?
Je suis droit dans mes bottes, parce que les promesses que j’ai faites aux électeurs, je crois les avoir tenues. J’ai lancé les premiers programmes sérieux de travaux, avec la construction d’un city-stade et ça, les enfants en sont ravis. Le nouveau centre technique et la halle festive vont aussi entrer dans la phase travaux. J’ai lancé plein de projets, le village est propre, on a racheté deux terrains pour sauvegarder l’environnement de l’église et pour faire un espace vert… Et je me suis bagarré contre la déviation de la RD154 de manière assez forte.

D’ailleurs, il en est où, ce projet de déviation ?
Il n’y a plus aucun signe de vie. Personne ne nous dit officiellement que le projet est arrêté, mais dans les couloirs, tout le monde dit que c’est plié. Pour nous, c’est une très bonne nouvelle, dans la mesure où, si ça se faisait, ça asphyxiait le village, car ça faisait un appel d’air pour l’entrée sur l’autoroute. Si c’est vraiment confirmé, ce serait formidable.

Vous disiez, pendant la campagne électorale de 2020, que le village était triste et sans âme. Cela a-t-il changé selon vous ?
C’était très important d’animer, de favoriser les associations… La fête du village de septembre est un vrai succès. On a notre salon d’automne qui arrive, il y a l’épicerie participative qui est un facteur de lien social hyper important. Il y a encore plein de choses à faire, je vais pas dire que c’est la fête tous les jours, mais on s’y atèle.

Quels sont vos grands projets pour la fin du mandat ?
Il y en a un qui est le projet du siècle, mais je n’y arrive pas. C’est l’académie Yamashita. Asafumi Yamashita, qui est installé à Chapet depuis trente ans, c’est le Stradivarius du maraîchage, le meilleur du monde, qui vend aux plus grands chefs parisiens. Je m’étais rapproché de lui pour faire une académie universitaire internationale dans la clinique de Bazincourt, qui est vide et à vendre. On a remué ciel et terre mais on n’y arrive pas, parce que ça représente des millions d’euros d’investissement. Ensuite, il y a le quartier du Mitan, avec un ensemble de 110 logements qui va être créé, dont une maison intergénérationnelle. Les travaux pourraient commencer en 2025.

Est-ce que créer une communauté urbaine qui regroupe autant de communes était une bonne idée ?
Je pense que GPSEO est mal né. C’est un ensemble hétéroclite trop gros, avec des problèmes de fiscalité, de différences de traitement. Mais la seule question qui vaille, c’est comment en faire une boutique opérationnelle. C’est pour ça que je me suis beaucoup investi de manière très positive. Ça ne veut pas dire que je suis béni-oui-oui, je me pose plein de questions sur le plan politique, mais il faut participer et défendre GPSEO. D’ailleurs, ici, on est plutôt bien servi. J’ai gueulé sur les pistes cyclables, car il n’y avait rien sur Chapet, et maintenant, dans le plan vélo, il y a 3 projets chez nous. Je me sens respecté, je n’ai pas à me plaindre.

Avez-vous déjà pensé à vous présenter pour un second mandat ?
En toute franchise, aujourd’hui, je ne sais pas si je le ferais. Ça dépendra de plein de choses. J’ai une femme, une famille, c’est des âges où il faut qu’on réfléchisse à la suite, il y a plein de paramètres en ligne de compte et aujourd’hui, je ne sais pas. En revanche, si je n’y retourne pas, il faut que j’anticipe et que je prépare la suite. Mais dans tous les cas, je suis fier du travail accompli.