La majorité municipale au bord de l’explosion

Évincé de son poste d’adjoint, Michaël Bordg vient de déposer plainte auprès de la Procureure de la République pour une « atteinte au secret et à la sincérité du vote ». Son groupe d’opposition se renforce avec l’arrivée de d’Amélie Costa Da Rosa qui a quitté lundi la majorité. Tout comme Graziella Devin l’avait fait à la rentrée.

Sale temps pour la majorité municipale ! En l’espace de quelques semaines, deux plaintes au moins sont arrivées sur le bureau de la procureure de la République de Versailles en provenance de Mantes-la-Jolie.

Après celle de Carole Philippe, ex-adjointe au commerce aujourd’hui membre du groupe d’opposition Mantes Unie qui n’a pas goûté d’avoir été traitée de « vierge effarouchée » par Raphaël Cognet en plein conseil municipal, c’est une autre démarche en justice qu’entreprend Michaël Bordg, viré de la majorité ­municipale.

Sa plainte concerne Nadine Wadoux, adjointe aux séniors et aux anciens combattants mais pas que pour un motif pour le moins sérieux. L’élue est mise en cause pour avoir floué le secret du vote et d’autres motifs invoqués par l’avocat de Michaël Bordg. Les faits invoqués remontent au 28 juin dernier. Ce soir-là, le conseil municipal est réuni pour revoter à bulletins secrets afin de désigner les grands électeurs en vue des sénatoriales de septembre. Revoter car le Préfet des Yvelines a saisi le Tribunal administratif de Versailles, lequel a annulé les votes du 9 juin, des irrégularités ayant été constatées par les magistrats.

Dans sa plainte, Michaël Bordg met en cause Nadine Wadoux, laquelle ne trouve rien de mieux à faire que de se saisir de son bulletin de vote censé être secret pour le porter à la connaissance d’autres élus dont notamment Edwige Hervieux, la première adjointe.

Choqué par le procédé qui lui rappelle certaines pratiques de pays totalitaires, Michaël Bordg tente de signaler l’incident afin qu’il apparaisse sur le procès-verbal de la séance. Hélas pour lui, il s’absente quelques instants. A son retour, les services ont fait preuve ce soir-là d’une rapidité exemplaire : le procès-verbal est déjà parti en Préfecture. C’est du moins ce qui lui est répondu.

Celui qui est encore adjoint prévient Raphaël Cognet le lendemain par mail. Lequel Raphaël Cognet botte en touche, en étant dans le déni comme c’est souvent le cas. Sauf qu’à l’appui de sa plainte, Michaël Bordg peut fournir à la justice des échanges de mails et de correspondances sur le groupe WhatsApp qui semblent bien plaider en sa faveur.
Mieux même, il a soigneusement conservé un message vocal de Nadine Wadoux qui reconnait les faits mais met ça sur le compte de la plaisanterie et s’excuse ­platement.

Consignes pour voter à gauche

Encore plus détestable, des consignes de vote ont été données, toujours via WhatsApp aux membres de la majorité. Raphaël Cognet serait même allé jusqu’à orchestrer une manœuvre pour permettre au groupe de gauche le Printemps Mantais présidé par Guillaume Quévarec d’obtenir trois voix de sa majorité afin d’obtenir un grand électeur de plus aux élections sénatoriales. Une attitude tellement discutable qu’elle donne des états d’âme à Edwige Hervieux qui s’en émeut publiquement. Il est vrai que les promesses faites aux Mantais de faire de la politique autrement sont déjà passées aux oubliettes.

Pire encore, Raphaël Cognet, toujours lui, aurait tenté de faire changer d’avis Clara Bermann dans son intention de vote. Mais la jeune femme, conseillère municipale et conseillère communautaire à GPSEO tient bon. Depuis, ses relations avec le maire sont sibériennes.

On est là bien loin de l’image de gendre idéal, de gentil père de famille et de catholique humaniste que Raphaël Cognet tente de donner de lui. Tout ça ressemble plutôt à de la tambouille politique de bas-étage. Le chevalier blanc est passé entre-temps dans une cheminée mal ramonée.

Une nouvelle élue
quitte la majorité

Lors du conseil municipal de lundi soir, Michaël Bordg a lu une déclaration d’Amélie Da Costa Rosa, absente excusée en séance, par laquelle elle annonce quitter la majorité municipale et de rejoindre le groupe de Michaël Bordg baptisé Nouveau Mantes. Depuis juillet dernier et son soutien à Michaël Bordg comme à Graziella Devin, celle qui est chirurgien-dentiste à la ville ne cautionnait plus les comportements observés dans la majorité. Avec ce nouveau départ, Raphaël Cognet et sa majorité subissent un nouveau revers de taille qui entame le moral des troupes.

Aujourd’hui, si le maire peut encore compter sur 31 élus, 32 avec lui, l’opposition se renforce avec 12 membres soit largement plus du tiers du conseil municipal. Raphaël Cognet risque donc de trouver le temps long d’ici le printemps 2026, date prévue des prochaines élections municipales.

Compte-tenu des dissenssions internes et des inimitiées larvées qui minent son équipe, il ne serait pas étonnant que d’autres défections soient enregistrées dans les prochains mois. À qui le tour ?

Trois adjoints de Cognet adhèrent à LR

Est-ce le projet porté par Éric Ciotti ou plus probablement les élections internes qui ont vu s’affronter le vice-président du Conseil départemental Philippe Benassaya et le président du groupe majoritaire à la Région Othman Nasrou pour le poste de responsable départemental qui les ont incités à faire cette démarche ?

Toujours est-il que Nathalie Aujay, adjointe au commerce et tourisme, Nadine Wadoux, adjointe aux seniors et anciens combattants et Olivier Barbier, adjoint à la vie associative, viennent d’adhérer l’air de rien à LR.

Nos informations seraient incomplètes si nous ne mentionnions pas l’arrivée dans le même temps dans le mouvement de Nicolas Kern, ex-blogueur condamné par la justice sous le pseudonyme de Ferdinand Bardamu, le personnage fétiche de l’écrivain collaborationniste Céline. Supporter inconditionnel de Raphaël Cognet pour lequel il a fait campagne aux dernières municipales, l’ex-agent d’accueil de la Poste est aujourd’hui chargé de mission à la ville de Mantes-la-Ville.