05Froid, presque impassible. C’est ainsi que Foued décrit son beau-frère Yassine A.M.B après que celui-ci ait assassiné Moustapha. Le soir du 22 décembre, le meurtrier lui demande d’aller chercher de l’essence, prétextant une panne sur son véhicule alors qu’il doit aller à Mantes-la-Jolie pour des cours de français. Sur le trajet, la sœur de Foued l’avertit de laisser son mari « là où il est » mais il ne comprend pas pourquoi.
C’est en revenant vers les Mureaux que Yassine balance de but en blanc qu’il vient de tuer une personne et qu’il souhaite brûler son véhicule. En effet, les sièges de sa Fiat 500 sont maculés de sang lorsque celui-ci a transporté le corps dans le parc du Sautour. Lorsque Yacine descend de l’estafette de Foued, il part aussitôt en ne lui fournissant pas de briquet. En représailles, l’accusé dira au commissariat que son beau-frère l’a aidé. Et même si les relevés GPS de son téléphone le disculperont rapidement, Foued a dû déménager car « les gens croient encore que j’y suis pour quelque chose et viennent m’embrouiller ».
Entre le 27 novembre et le 1er décembre, Yassine A.M.B comparaissait à nouveau devant la cour d’assises de Versailles, un an après la première audience où le Muriautin avait été très agité devant les jurés, forçant donc à ajourner l’audience. Et comme en 2022, une trentaine de personnes – majoritairement des proches de Moustapha – sont venues chaque jour afin d’obtenir des explications sur ce crime abominable. Car Yassine n’a laissé aucune chance à sa victime, 42 coups de couteau dont au moins 3 fatals selon le médecin légiste. Ce sera en vain, le tueur persiste et signe dans ses mensonges.
Au commissariat, il avait dit que Moustapha et ses amis voulaient l’agresser parce qu’ils l’accusaient de séduire la femme de la future victime. Au juge d’instruction, c’était parce qu’il était soupçonné de draguer la fille de Moustapha, âgée de 13 ans. Et enfin, le 30 novembre lors de son audition, c’était pour obtenir le numéro d’une amie de la fille de Moustapha pour la marier à son cousin encore au Maroc. « Cela devient vraiment compliqué » s’exclame Marc Trévidic, le président de la cour. Mais ses tergiversations ne s’arrêtent pas là, idem pour les altercations avec la victime, une dizaine de jours avant le drame, au nombre de 2 ou de 3 selon ses dires.
Il fallait aussi déterminer la préméditation. « Selon votre épouse, durant les trois à quatre jours qui ont précédé les faits, vous sortiez le soir de manière inhabituelle » demande le président. Yassine, par l’intermédiaire de sa traductrice, reste toujours évasif. Il avance que le soir du meurtre il a pris sa voiture pour aller chez son ami Moussa mais l’intéressé a contesté lors de l’enquête. Yassine se rabat en disant que c’était pour regarder un match de foot à l’intérieur de son véhicule : « Il va falloir choisir à un moment, c’est Moussa ou le match. » Le 1er décembre les jurés rendent leur verdict. Yassine A.M.B est condamné à 27 ans de réclusion criminelle, dont la moitié de peine de sûreté. Il est également frappé d’une interdiction du territoire français. « Aucun appel n’est envisagé » d’après son avocat maître Paul-Jacques Debomy.