La LSF, langue sans frontière vers l’inclusion

Des éducatrices de l’établissement d’accueil non médicalisé d’Hardricourt sont venues donner un cours de langue des signes aux employés du CCAS de Verneuil-sur-Seine ainsi qu’aux agents municipaux. Accompagnées des pensionnaires du foyer d’hébergement, elles voulaient démontrer que des petits gestes sont vecteur de grande inclusion.

Ville de Verneuil-sur-Seine

Depuis février, Asma et Lidwine interviennent dans l’établissement d’accueil non médicalisé (EANM) « la Passerelle Hubert François-Dainville » auprès de leurs résidents pour leur donner des cours de langue des signes française (LSF), « le seul atelier où ils arrivent à être tous concentrés pendant une heure ». Il a fallu y aller progressivement, d’abord les formules de politesse, puis les aliments, enfin les verbes. Et maintenant ils savent tous faire des phrases. « Au départ, c’était pour communiquer avec les handicapés non verbaux comme Océane » explique Lidwine dont la sœur était sourde-muette. Cependant, cela sert à tout le monde comme Aurélia. Neuroatypique, elle se retrouve quelques fois submergée par ses émotions et arrive à se canaliser en utilisant son nouveau mode de communication. Le cas le plus probant reste Denis, sujet à de nombreuses crises de colère mais depuis 6 mois, il est calme.

Et grâce à la LSF, les résidents osent même aller vers les autres. « Nous avons croisé un groupe de malentendants lors d’une sortie à Paris » raconte Lidwine, « ils étaient très fiers de dialoguer avec eux ». Autre bienfait de l’apprentissage de la langue des signes, améliorer la motricité fine. Par exemple pour dire sucre, il faut pincer son pouce et son index et le mettre sur le coin de sa joue. « Nous adaptons certains mouvements car l’important reste la communication » raconte Asma.

Lors de la semaine du Handicap organisée par Verneuil-sur-Seine et portée par Abderrahim Chahboun, conseiller municipal délégué à l’accessibilité, aux solidarités et aux handicaps, les membres de l’EANM et les deux éducatrices spécialisées sont allés au centre communal d’actions sociales de la ville pour que les employés, ainsi que des agents municipaux, apprennent la LSF. La vingtaine de personnes écoute alors attentivement avant de passer à la pratique : après une quarantaine de minutes, 4 d’entre elles se mettent en binôme avec des personnes de l’EANM afin de construire des phrases. Lorsque la mission est enfin réussie, tout le monde applaudit. Mais sans un bruit, en levant les bras en l’air et en faisant tournoyer les mains, comme le ferait quelqu’un sourd et muet.

Réaliser cet atelier auprès du CCAS avait également pour vocation de démontrer que les personnes porteuses de handicap psychique peuvent très bien tisser du lien social. Il n’y avait qu’à observer le nombre de fois où Kevin s’est retourné vers sa voisine pour l’encourager et lui dire comment faire.