L’attente est longue, à la hauteur de la complexité du dossier. Le verdict rendu par la présidente de la cour doit prendre en compte l’âge des prévenus – tous entre 12 et 14 ans lors de l’assassinat de Samuel Paty – pour que les peines soient punitives et en même temps pédagogiques. « Avez-vous bien compris vos actes ? » lance-t-elle à chaque adolescent ou jeune adulte après la lecture de leur sentence.
Tous étaient poursuivis pour association de malfaiteurs en vue de commettre des violences avec trois circonstances aggravantes : le fait que cela concernait un enseignant, que les actes répréhensibles ont été commis aux abords d’un établissement scolaire et enfin la préméditation. Pour rappel, leur minorité réduisait la peine de moitié et chacun ne pouvait donc passer que 2 ans et demi derrière les barreaux maximum. Normalement, aucun n’en verra la couleur.
En effet, Z., la collégienne ayant menti sur la demande de Samuel Paty aux élèves de confession musulmane de quitter la classe avant de montrer les caricatures de Mahomet – ce qui a provoqué l’opération de harcèlement menée par son père Brahim Chnina, incarcéré pour terrorisme et qui sera jugé dans un an – se voit infliger une peine de 18 mois de sursis. Par ailleurs, quatre autres collégiens sont condamnés de 14 à 20 mois de prison, là aussi avec sursis.
C’est Y. qui écope de la sanction la plus lourde. Pour avoir révélé le trajet de Samuel Paty, ainsi que sa description à Abdoullakh Anzorov et d’avoir entraîné avec lui les quatre adolescents précédemment cités dans cette mission, la présidente lui annonce deux ans de prison dont 6 mois ferme sous bracelet électronique. Toutes les peines sont assorties d’une d’obligation de formation et d’enseignement, de soins médicaux et psychologiques et de mesures d’assistance et de surveillance par la protection judiciaire de la jeunesse. À la fin de la délibération, les six mineurs repartent comme ils sont arrivés, c’est-à-dire dans des doudounes et vêtus de masques afin de les anonymiser au maximum.
Les avocats des proches de Samuel Paty ne décolèrent pas à la sortie de la salle Victor Hugo. Selon le Parisien, ils évaluent les sanctions comme « pas à la hauteur du drame et qui envoient un mauvais signal ». « Déception », « Incompréhension » tels sont les mots qui résonnent dans le palais du Tribunal de Paris. Les six ex-collégiens ont dix jours pour faire appel mais le jugement est immédiatement exécutoire, a décidé le tribunal pour enfants.