« C’est l’histoire de deux frangins attirés par la technologie et la transmission du savoir ». L’un est professeur de mathématiques, l’autre ingénieur en robotique, expert en data et en intelligence artificielle. Morad et Rabah Attik sentent alors le vent des nouvelles technologies souffler sur le monde industriel, portant avec lui de nouvelles perspectives. Ils créent alors en 2015 leur start-up, Evolukid, avec le pari de rendre accessible ce sujet aux enfants et aux adolescents alors que l’initiation à la programmation n’a pas complètement fait son arrivée dans les manuels scolaires. « L’année d’avant, le Massachusetts Institute of Technology (MIT, l’une des plus prestigieuses universités américaines, Ndlr) met en ligne le programme SCRATCH », raconte Morad, « donc dès 8-10 ans, tu peux déjà faire tes premières lignes de code ».
Les deux comparses donnent alors des séminaires et travaillent en tant que consultants pour des entreprises prestigieuses, par exemple VINCI. D’ailleurs, pour celle-ci, ils ont même développé un POC – « proof of concept » ou des preuves de faisabilités – pour une application mobile en 2018. Morad et Rabah ne s’arrêtent pas là et publient plusieurs livres afin de distiller leurs savoirs comme « Les Intelligences Artificielles, tu connais ? » aux éditions Eyrolles, avec en préface Luc Julia, le créateur de SIRI. « Mais il fallait voir plus grand, pour que la France devienne une référence sur les intelligences artificielles » explique le fondateur d’Evolukid. Kesk’IA est donc lancé en février 2023 sur 7 villes du territoire national.
Skynet au service des villes
Il permet à des étudiants – issus le plus souvent des quartiers populaires – d’une commune de créer des cas concrets d’utilisation de l’intelligence artificielle sur des thèmes variés : préservation des écosystèmes, cyberharcèlement, voiries… « La transition digitale va bien trop vite pour les collectivités locales » analyse Morad. Toutefois, les jeunes ne sont pas livrés à eux-mêmes. D’abord, ils suivent une formation initiale durant une semaine. Puis les entreprises partenaires du projet (Société Générale, Publicis France, UPS, SAP, L’Oréal, Nestlé, Tata Consultancy Services et VO2 Group) leur assignent un mentor afin qu’ils les challengent. Enfin, preuve de la motivation sans faille des étudiants, le codage se déroule le samedi, après une semaine de cours déjà bien chargée.
À Mantes-la-Jolie, les 3 thématiques sur lesquelles ils devront plancher sont « Safer Road », « Mon ami Dobby », « C Du Propre », respectivement des IA qui détectent les anomalies sur les routes, le cyberharcèlement auprès des jeunes et les déchets sur une map dans une collectivité. Ils seront confrontés à 15 autres villes françaises et si leur création est choisie, les étudiants la pitcheront lors du salon Viva Technology 2024 au côté de deux autres projets retenus. En cas de victoire finale, les Mantais partiront pour la Silicon Valley pour une nouvelle présentation, cette fois-ci devant des géants de la tech’. Lors de la première édition, c’est le « C Du Propre » de cinq jeunes Trappistes qui a tout raflé.