Démocratie locale : les élus minoritaires dénoncent un « modèle à bout de souffle »

Le Collectif 78 des élus locaux minoritaires a publié les résultats de son baromètre de la démocratie représentative dans les communes des Yvelines, qui pointe du doigt une mise à l’écart de l’opposition.

117 conseillers municipaux d’opposition, répartis dans 54 villes des Yvelines, ont participé à la dernière initiative du Collectif 78 des élus locaux minoritaires : un baromètre de la démocratie participative dans les communes du département. Il s’agit de l’une des premières initiatives de cette nouvelle structure rassemblant des élus d’opposition aux diverses appartenances politiques, issus de communes de tailles variées. Avec un objectif : que les données illustrent leurs arguments avec des chiffres. « Ce sera un point d’appui pour nos rencontres avec les parlementaires et le Préfet », souligne Yvon Rosconval, élu d’opposition à Triel-sur-Seine et à l’origine de la création du collectif.

L’un des premiers enseignements des résultats est le moral en berne des élus minoritaires du territoire : à la question « Si des élections municipales avaient lieu demain, vous seriez à nouveau candidat », 48 % des interviewés ont répondu « certainement pas » ou « probablement pas », dont 72 % sont élus depuis 2020. « Ces élus se sont investis dans une campagne pour leur ville, et une fois élus, ils se retrouvent confrontés à la réalité, regrette Yvon Rosconval. En plus de ne pas être écoutés, ils sont sous-représentés, sans avoir de moyen de fonctionnement en tant que tel ».

Un mal-être également mis en avant par un taux de démission de 41 % chez les conseillers municipaux, contre 10 % chez ceux de la majorité. « Cette tendance est en partie masquée par la répartition des sièges, 80 % en faveur de la majorité contre 20 % à la minorité, en raison de la prime majoritaire, ajoute-t-il. Il y a un manque de respect de la représentativité issue des urnes. Ce n’est pas normal qu’il y ait, par exemple, 22 sièges d’un côté et 5 de l’autre avec seulement 2 % d’écart aux élections ».

Le Collectif 78 des élus locaux minoritaires considère ainsi que le modèle du conseil municipal est « à bout de souffle », regrettant le peu de place accordé à la communication pour l’opposition – que ce soit sur les réseaux sociaux ou les magazines municipaux -, ou le manque de moyens de fonctionnement. « Il n’est pas normal qu’un élu paye pour exercer son mandat, c’est ça la réalité, assure Yvon Rosconval. On n’a pas les services municipaux, ou des experts pour nous aider à travailler les dossiers, on est seuls face à nos ordinateurs pour préparer les conseils municipaux ».

Les résultats du baromètre désormais révélés, le collectif veut continuer à se développer et participer à l’élaboration d’un observatoire de la démocratie locale, avec des parlementaires, des associations d’élus, des chercheurs, afin d’établir un diagnostic. « Il y a une méconnaissance de ce thème en France, observe Yvon Rosconval. Quand on suit l’actualité, on voit que les maires disposent d’un bon niveau de confiance, alors on a l’impression que le système fonctionne en local, mais il n’en est rien ». Le sujet vient justement d’être mis sur la table à l’Assemblée Nationale : le député de la 7ème circonscription de Gironde, Frédéric Zgainski (MoDem), a déposé une proposition de loi le mardi 5 décembre visant à renforcer la démocratie locale et le fonctionnement du conseil municipal.