La condamnation des six collégiens impliqués dans l’assassinat de Samuel Paty le 8 décembre (voir page 14), a remis cet événement au cœur de l’actualité. Et c’est pour toucher cette frange de la population que Valérie Igounet et Guy Le Besnerais ont choisi la BD pour raconter la vie du professeur d’histoire-géographie. « Je voulais que ce roman graphique soit lu par plusieurs générations dont évidemment celle des adolescents » explique l’historienne. Mais avant de commencer tout le travail de documentation et de recueil de témoignages, les deux auteurs ont prévenu sa famille, « qui était d’accord mais ne voulait pas participer » rapporte l’illustrateur. Selon eux, il fallait mieux connaître cet homme dont les médias ont beaucoup parlé.
Pour retracer son itinéraire, Valérie Igounet a utilisé la même méthodologie que lors de l’écriture de ses livres historiques : s’appuyer sur des sources orales, des documents. Pour les entretiens, ils ont instauré un climat de confiance, un envoi de mails afin d’expliquer les tenants et les aboutissants puis la validation des dires retranscrits, aussi bien pour le texte que pour le dessin. « Nous ne voulions pas émettre de jugement » ajoute Guy Le Besnerais.
Contrairement au journaliste Stéphane Simon, auteur de « Les Derniers Jours de Samuel Paty – Enquête sur une tragédie qui aurait dû être évitée » ayant déclaré lors d’une interview au Point que le professeur avait été abandonné, ils voulaient que le lecteur se forge lui-même son opinion. « Il est clair qu’il s’est senti seul, mais seulement deux de ses collègues se sont désolidarisés » détaille l’écrivaine, « et le proviseur a réagi en organisant des réunions avec les parents. »
Le lendemain du verdict des six collégiens, Valérie Igounet et Guy Le Besnerais étaient en séance de dédicace à Conflans-Sainte-Honorine à la médiathèque Blaise Cendrars. Une rencontre permise grâce à Soraya, maman d’un élève de Samuel Paty et également présente dans le roman graphique : « C’est hyper symbolique. Elle a porté le livre à Conflans-Sainte-Honorine. Nous avons trouvé cela touchant. » Si une multitude de personnes viennent à leur rencontre, l’autrice et l’illustrateur remarquent de nombreux professeurs très marqués par cet assassinat. « Ils s’en servent déjà comme outil pédagogique pour les questions sur la liberté d’expression, la laïcité et la gestion des réseaux sociaux. Et c’est ce que nous souhaitons » indique Guy Le Besnerais.