Les Magicielles, des Wonder Women dans le désert

À cause d’une malformation au niveau de la colonne vertébrale, Rebecca Ruimy ne sent pas ses jambes. Mais cela ne l’a pas empêchée de participer au Trek’In Gazelles 2023 en novembre. Elle était accompagnée de Nadia et Virginie, sans qui elle n’aurait pas pu parcourir le désert marocain.

Une volonté de fer. Rebecca Ruimy se pare régulièrement du costume de Wonder Woman car à l’instar de Diana Prince, elle est une véritable battante. Tout d’abord, la Villennoise est née avec un spina bifida, une malformation au niveau de la colonne vertébrale entraînant des séquelles neurologiques, et n’a donc aucune sensation au niveau de ses jambes. Puis, il y a presque 20 ans, elle a survécu à deux cancers, une leucémie et un lymphome, alors que les médecins lui prédisaient aucune chance de survie. Malgré cela, la juriste garde le sourire et veut même le transmettre à travers son spectacle « Wonder Life », un véritable pied de nez par rapport aux épreuves traversées.

En 2021, alors qu’elle cherche à se produire dans sa commune de résidence, elle prend contact avec Virginie, adjointe auprès de la mairie pour la culture. Une amitié se forge alors entre les deux femmes et Rebecca lui fait part de son désir de participer à un trek. « J’aurais aimé faire le rallye Aïcha des gazelles en 4×4 » explique-t-elle, « mais à cause de mes défaillances motrices, ce n’était pas possible. Quand j’ai vu que le groupe Maïenga (organisateur du rallye des Gazelles, Ndlr) avait ouvert un trek, j’ai sauté sur l’occasion. » Déjà prête pour l’édition 2022, elle doit cependant patienter car ses orthèses n’étaient pas encore finalisées. En effet, elles sont indispensables pour que Rebecca puisse se tenir debout et marcher. Cet équipement d’une valeur de 5 000 euros lui a été fourni gracieusement par Ottobock. En contrepartie, le fabricant lui a demandé de porter ses pantalons techniques et d’en faire la promotion sur les réseaux sociaux.

Virginie et Rebecca fondent alors l’association Les Magicielles et partent affronter le désert marocain sous cette bannière durant 4 jours, du 17 au 22 novembre. Elles sont rejointes par Nadia, qui profite d’un désistement au début de l’année. Si toutes se fixaient l’objectif de rallier les 20 kilomètres journaliers, le sable, la rocaille et la chaleur ont raison de leurs performances. Lors du premier jour, les trois femmes parcourent 13 kilomètres mais, à bout de force, une voiture doit ramener Rebecca au campement, ce qui disqualifie l’équipage numéro 26 du classement général. « Normalement, la température est de 25 degrés, là, c’était entre 40 et 45. Je me sentais comme dans un four avec mes orthèses » se remémore la Villennoise. Qu’importe, elles repartent le lendemain avec des exigences revues à la baisse « afin d’éviter que Rebecca ne se blesse » ajoute Virginie. En effet, la juriste est suivie par une équipe médicale dans le but de s’assurer que son corps ne soit pas trop meurtri par ses efforts physiques. Elle s’en tirera avec quelques ampoules internes tout de même.

8 kilomètres puis 4, les Magicielles se préservent pour le dernier jour. « C’était une journée complète dans les dunes. Et de la grande dune, pas de la petite dunette » s’amuse l’adjointe à la culture. Lorsqu’elles rallient le campement final, une haie d’honneur se forme pour saluer les performances du premier équipage comprenant une personne à mobilité réduite. De grosses larmes de joie coulent alors sur leurs joues. « Sans Virginie et Nadia, jamais je n’aurais pu faire ces 34 kilomètres » confie une Rébecca pleine de reconnaissance envers ses deux partenaires. En effet, si ses bâtons lui permettaient de marcher, ses coéquipières devaient la pousser ou la tirer lorsque les chemins devenaient plus ardus. Leurs aventures sont consignées dans un reportage de France TV, réalisé par Alexis Delcourt et Daniel Fuet, qui pourrait bien avoir une suite : Rebecca ne cache pas sa volonté de repartir afin d’améliorer sa performance.