Gérard Béguin : « Ce que les gens veulent ici, c’est une vie paisible, et ne pas payer trop d’impôts »

Notre tour des maires du territoire de la Vallée de Seine fait escale à Sailly, où l’édile Gérard Béguin entretient l’esprit village depuis sa prise de fonction en 2001.

Alors que vous en êtes à votre quatrième mandat, quels changements avez-vous constaté depuis votre siège de maire ?
Ce qui a beaucoup changé de choses, c’est notre entrée dans la communauté urbaine, suite à laquelle on a perdu énormément de compétences. Et donc le maire, il n’a plus beaucoup de pouvoir important à faire. Pourtant les gens sont attachés à leur maire, car c’est leur interlocuteur. Au moins, s’ils ont quelqu’un à engueuler, on est là ! L’autre grosse différence entre mon début de fonction de maire et aujourd’hui, c’est que l’État s’est complètement désengagé. Il y avait les réserves parlementaires, la taxe d’habitation, les dotations de l’État… Qu’est-ce que vous voulez faire si vous n’avez pas d’argent ?

Vous récupérez justement certaines compétences…
On n’était pas satisfaits des compétences perdues, malgré que ça se soit amélioré. Je comprends que ça puisse pas être bien fait dès le départ. C’est pas simple, de manager 73 communes. Mais c’était pas terrible. Alors, on a fait le choix de récupérer l’intégralité de la délégation voirie.

Avez-vous toujours le sentiment d’être écouté, depuis votre village ?
À Sailly, il ne se passe pas grand-chose, et c’est tant mieux. Je n’ai aucune prétention politique, je ne serai jamais un grand élu, j’ai toujours dit « moi je suis un petit maire entouré de grands maires ». Par rapport aux exigences de Mantes ou de Poissy qui eux ont un poids politique, si eux disent non, c’est pas la même force que nous.

Au cours de ce mandat, y a-t-il des projets dont vous êtes particulièrement fier ?
On vient de terminer de payer la réfection de l’église. C’était notre gros investissement, avec 300 000 euros. Le paiement s’est fait sur 20 ans, et la dernière annuité était cette année. Donc ça va nous donner une petite bouffée d’air financière. C’était le gros projet, maintenant le prochain, c’est la réhabilitation des bâtiments communaux. J’ai toujours coutume de dire « je dépense jamais 3 sous quand j’en ai que 2 dans mon porte-monnaie ». Certes, il y a l’emprunt, mais là on revient sur des taux d’intérêt beaucoup plus élevés. Donc il va falloir faire encore plus attention. Je ne sais pas quand est-ce que ça se fera, mais ça me paraît logique : on a fait l’école, l’église, maintenant c’est les bâtiments communaux, d’ici la fin du mandat ou lors du prochain.

En arrivant aux abords du village, on remarque les stigmates de l’opposition à la nouvelle carrière ­Calcia…
Le projet est toujours en sommeil, car Calcia s’est récusé, mais le territoire peut toujours être exploité par un autre, un concurrent. Certes ce ne sera plus Calcia, ils ne sont plus en odeur de sainteté auprès des habitants, et même auprès de l’État. Mais pourquoi pas un autre ? Donc là c’est en sommeil, on attend avec impatience l’abrogation du territoire de la zone 109, car s’il n’y a plus de territoire, il ne peut plus être ­exploité.

De nombreux maires dénoncent une augmentation du nombre d’incivilités envers les élus. Faites-vous le même constat ?
Vous savez qu’aujourd’hui, dès que vous avez un peu d’autorité, vous êtes la personne à abattre. Personnellement, pour l’instant, je n’ai pas eu de souci, mais on voit bien que le moindre refus à quelqu’un entraîne une incivilité, pour un permis de construire par exemple, alors que ça n’est même pas de notre ressort. Mais ici c’est un village calme, on a peu de faits de délinquance. Vous savez, ce que les gens veulent ici, c’est avoir une vie paisible, et ne pas payer trop d’impôts. On a une petite école sympa avec deux enseignants… On est une petite communauté, et moi, je n’ai pas la prétention d’être un bon maire. S’ils m’ont réélu 4 fois, c’est sûrement parce que je les fait rire, je ne sais pas… Je dis toujours, dans mon conseil : pas de politique, pas de religion. C’est les deux choses que je me refuse à parler. Je comprends qu’on n’ait pas les mêmes idées, mais il ne faut pas les imposer

Après 4 mandats, pensez-vous à en briguer un nouveau lors des ­prochaines élections ?
On verra ! Ça va déjà dépendre de ma santé, car comme tout le monde, j’arrive à un certain âge.