« Il faut garder la fierté de ce qu’on a fait, il faut qu’on capitalise dessus ». Le mercredi 31 janvier, le discours du porte-parole de la FNSEA, Yohan Barbe, annonçait déjà la couleur : les blocages étaient sur le point de prendre fin. Debout sur un pick-up au beau milieu de l’A13, à hauteur de l’échangeur d’Épône, il harangue les troupes, stoppées la veille par plusieurs véhicules de CRS. « On est à l’apogée de ce qu’on a pu faire jusqu’à maintenant, de ma maigre expérience de 15 ans dans le syndicalisme. On est vraiment au-dessus, là. On a créé quelque chose, une unité ».
Pendant la majeure partie de la semaine, plusieurs dizaines de tracteurs ont occupé les voies, stoppés dans leur marche en avant alors qu’ils tentaient de rallier Paris. Mais malgré la force des images, avec ces camions de CRS barrant le passage aux énormes machines agricoles, l’ambiance était plutôt bon enfant. « Ils sont détente les policiers, assure un agriculteur du Vexin présent sur le blocage, alors qu’un de ses comparses propose café et viennoiseries aux forces de l’ordre. Ils nous disent tous qu’ils nous soutiennent ».
Entre les buvettes et barbecues improvisés, on s’interroge alors sur la suite des événements. « Il va bien falloir partir, on a tous du boulot », admet un manifestant mobilisé depuis de nombreux jours. C’est désormais une nouvelle forme de contestation qui se met en place, auprès des élus locaux et des Préfets, pour s’assurer que les mesures annoncées par le gouvernement soient bien respectées. « Il faut qu’on sorte par le haut, même si on n’a pas tout obtenu, le gouvernement nous a compris, clame Yohan Barbe. Par contre, on ne vous lâche pas. On continue le combat dans les territoires, avec les préfets. Ces barrages vont nous aider dans le temps. S’il y a bien quelque chose qui a changé, c’est que la population est derrière nous ».