Sillona Sport, allez le vert

Yvon Prigent et ses deux associés ont décidé de lancer leur propre marque de sport en 2018. Mais si Sillona Sport se distingue par rapport à ses concurrents, c’est qu’elle propose des produits issus de déchets plastiques. Un moyen de porter l’écologie sur les terrains de foot.

Sillona Sport

Le monde professionnel à Forest Green Rovers, modeste pensionnaire de D4 anglaise se revendiquant club le plus écologiste de la planète. En France, toujours rien à l’horizon du même acabit sauf si nous farfouillons du côté des équipementiers, Sillona Sport en tête. « Ce sont mes petites filles qui m’ont donné cette idée, narre Yvon Prigent, son fondateur. Je les voyais souvent avec une nouvelle paire de chaussures, un coup Nike, un coup Adidas. Et elles m’ont répondu « c’est la mode dans le sport ». » En cette année 2024 où l’olympisme est conjugué à toutes les sauces, il reste vrai que le sport reste un vecteur de valeurs, un filon que l’ancien Breton dorénavant Vernolien voulait utiliser pour promouvoir son message écologique. Un filon en plastique précisément.

En 2018, lui et deux autres associés se lancent donc dans cette aventure en voulant créer des maillots issus de bouteilles usagées et ainsi esquiver la case « pétrochimie ». « Elles sont broyées, lavées, chauffées à 280°C puis réduites en granulés qui donnent du fil » détaille-t-il. Seule l’énergie pour chauffer la matière est donc utilisée. Au départ Yvon et ses acolytes pensaient même récupérer les bouteilles vides en s’associant avec des clubs mais ils se sont retrouvés hors-la-loi. Car d’après une règlementation, seules les communautés de communes disposent de la compétence pour collecter des déchets plastiques sur les lieux de sport. Alors ils se tournent vers l’Espagne, du côté de Barcelone.

Grâce à la tunique réversible de Sillona Sport, vous n’oublierez jamais votre 2ème jeu de maillot. (Sillona Sport)

Le meilleur, c’est le vert

Cela leur a également permis d’obtenir des prix attractifs, car si les 150 clubs que Sillona Sport équipe sont sensibles à la question écologique, l’argent reste le nerf de la guerre. D’ailleurs, la marque joue sur plusieurs tableaux pour être compétitif. « Les sections sportives sont gagnantes lorsqu’elles mettent un certain nombre de logos » explique Yvon Prigent. Lorsque les clubs reçoivent leurs maillots de chez Nike, Adidas ou Puma, ils doivent réaliser eux-mêmes le flocage pour apposer les sponsors. Or, grâce à la sublimation, une technique d’impression textile permettant d’intégrer n’importe quel logo directement dans les fibres, Sillona Sport livre un produit complètement fini.

De plus, l’atout phare de Sillona Sport est sa tunique réversible : « Plus de craintes lors du choix des maillots domicile ou extérieur. Ici, on ne retourne pas sa veste, on retourne son maillot en cas de couleurs trop proche. » Par ailleurs, lorsque la marque écolo est choisie en tant qu’équipementier, Yvon Prigent réalise un atelier d’une demi-heure auprès des enfants du club. « Nous leur expliquons qu’un produit neuf peut être fabriqué à partir d’un déchet, détaille le fondateur. En général, ils sont hyper enthousiastes. »

Prochaine étape pour Sillona Sport : une gamme de ballons. Ceux-ci seront composés de caoutchouc recyclé qui s’intercalera entre la partie extérieure faite de polyuréthane et celle intérieure composée de coton. « Pour le moment, ils ne pourront être utilisés que pour les entraînements, mais lorsque nous aurons plus d’argent, nous les homologueront pour les matchs » conclut Yvon Prigent.