Verdun, l’horreur du passé pour construire l’avenir

Comme chaque année, Conflans-Sainte-Honorine commémore la bataille de Verdun. Le charnier de la « Der des der », symbole de la férocité des combats, doit nous permettre de regarder les erreurs du passé afin de ne pas les reproduire à l’avenir.

108 ans plus tard, il ne reste plus personne pour en parler de vive voix. Pourtant la bataille de Verdun a profondément marqué la France sur plusieurs générations. « Un chapitre inoubliable, avec plus de 700 000 victimes (305 000 tués et disparus, 400 000 blessés, Ndlr), l’horreur de la guerre aura marqué physiquement et psychiquement tous les foyers français » relate Pierre Papinet, conseiller municipal préposé aux anciens combattants lors de cette journée de commémoration le 21 février.

Pendant plus de 10 mois – de février à décembre 1916 – les Poilus ont protégé les bords de la Meuse face aux soldats allemands, bravant le froid, la boue, et l’odeur pestilentielle des cadavres qui s’amoncelaient. Ce devoir de mémoire se télescopait avec un autre événement d’une grande importance ayant lieu la même journée : la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian. Un moyen également de rappeler que certains héros peuvent se transformer en bourreau.

Pour le traître de Verdun, les décennies commencent enfin à rétablir la vérité. Au sortir de la guerre, c’est un génie tacticien, qui refuse les offensives inutiles. Et lorsqu’il est nommé commandant en chef des armées françaises en 1917, le futur chef du régime de Vichy matait aussi bien la mutinerie des Poilus en améliorant leur quotidien qu’en les ­fusillant pour l’exemple.

De plus, même le charnier de la « Der des der » n’est pas vraiment de son œuvre. Avant qu’il en prenne le commandement, il faut remercier les interventions du Général de Castelnau pour éviter la chute de la rive droite de la Meuse. Par ailleurs, il n’aura dirigé le front de Verdun que du 26 février au 30 avril 1916 alors que le Général Nivelle, lui, a officié du 1er mai jusqu’à la mi-décembre.

Dans tous les cas, le succès fut au bout de cette campagne, avec tout de même un arrière-goût de victoire à la Pyrrhus. Mais le plus important est ailleurs comme le rappelle Pierre Papinet : « Il faut désormais œuvrer pour un monde où le dialogue doit remplacer la violence et où se souvenir du passé permettra de célébrer le présent et construire le futur. »