Police municipale : un chassé-croisé de chefs qui ne dit rien de bon

Alors qu’un nouveau chef vient d’être recruté en provenance de la banlieue lyonnaise, le titulaire du poste explique les raisons de son départ adressé à ses collègues agents. Avec des mots forts dont nous avons pu prendre connaissance.

L’un s’en va, l’autre arrive. La police municipale de Mantes-la-Jolie, ou plus exactement ce qu’il est reste, vient d’être dotée d’un nouveau chef de service. Sauf qu’elle en possède déjà un. Mais le doublon va être de courte durée. Le plus ancien des deux dans la fonction vient dans un mail d’expliquer les raisons de son départ par voie de mutation : « Ces derniers mois, beaucoup d’évènements, de déclarations, d’humiliations, de mensonges m’ont amené à réfléchir très sérieusement sur mon avenir professionnel à Mantes-la-Jolie » annonce d’emblée David Cros.

« La future nouvelle organisation qui nous a été présentée à l’hôtel-de-ville, son lot d’incohérence, d’incertitude, de non-dit, l’absence totale de concertation ou de communication, ma mise à l’écart ou mise au placard ne me permettent pas de me projeter dans ce projet d’équilibriste construit en dépit des règles élémentaires que sont les commissions techniques » assène le chef de service qui annonce qu’il ne va pas se « pervertir pour quelques euros supplémentaires ou quelques autres raisons, cela n’est pas moi et ne fait pas partie de mes convictions profondes ». Il indique dans son courriel avoir prévenu le maire de son départ qui sera effectif le 12 mai prochain au soir.

David Cros n’aura donc pas à cohabiter avec Vincent Pelletier, 42 ans, policier municipal depuis plus de deux décennies, qui arrive de Décines-Charpieu, une commune de la banlieue lyonnaise d’environ 30 000 habitants connue pour abriter une importante communauté arménienne et le Groupama Stadium, le stade de football de l’Olympique Lyonnais.

Il y était en poste depuis 2017. Son CV nous apprend qu’il est moniteur en armement et technique professionnelle en intervention « reconnu par ses pairs » a même écrit de lui le journal « Le Progrès ». Celui qui est aussi passé par Limoges et Meximieux (Ain) en début de carrière ne va pas avoir de quoi s’ennuyer dans la sous-préfecture yvelinoise. Et il aura bien besoin des qualités qu’on lui prête. Aussi bien pour lui-même que pour les futurs fonctionnaires qui vont postuler sur les postes ouverts.

Pour accompagner une communication tous azimuts sur la sécurité qui a bien commencé dans les médias municipaux et amis, le maire a annoncé des recrutements à foison et même la création d’une brigade nautique. Si la qualité du nouveau chef recruté n’est pas en cause, son profil étonne les professionnels : « Si la banlieue lyonnaise n’est ni le Cantal, ni la Lozère, la ville de Decines-Charpieu n’est pas la plus difficile de l’agglomération lyonnaise » révèle un ancien commissaire en poste dans le Rhône avant un passage dans les Yvelines. « Décines ce n’est ni Villeurbanne, ni Vaux-en-Velin ou Vénissieux. Y être policier municipal n’est pas un calvaire. En tout cas, ce fonctionnaire va avoir fort à faire à Mantes-la-Jolie car les délinquants franciliens ont des spécificités différentes des délinquants lyonnais. Et si j’ai bien compris, il va devoir construire sur un champ de ruines dans une ambiance très particulière. De toute façon, il va vite s’apercevoir de l’endroit où il a mis les pieds. Quand on voit que les trublions mantais ne baissent pas pavillon devant les CRS qui interviennent parfois en sécurisation, je ne suis pas certain qu’ils prennent au sérieux les policiers municipaux dont ils savent très bien que le code pénal ne leur donne qu’une marge de manœuvre très restreinte dans l’exercice de leurs missions ».

Un autre aspect du micro-climat mantais risque aussi de peser lourd dans la remise à niveau de la police municipale mantaise. Le maire en sera-t-il le seul et unique patron comme l’exige la loi ou une fois de plus, le directeur de cabinet va-t-il tenter d’y mettre son grain de sel alors qu’il ne connait strictement rien aux problématiques de sécurité ?

Rendez-vous au prochain exercice de propagande sur le sujet. On prend d’ores et déjà les paris sur une présentation en grande pompe des véhicules à deux ou quatre roues nouvellement acquis ainsi possiblement d’une embarcation à moteur indispensable à la future brigade nautique de la police municipale qui correspond à une lubie municipale.