Délinquance : Mantes-la-Jolie la mal classée

La supposée énergie déployée par la ville pour faire baisser la délinquance n’est une fois de plus qu’une vaste opération de communication. La preuve. Une quatorzième place sur vingt communes au classement réalisé par nos confrères du Parisien.

Voilà une enquête journalistique qui tombe mal pour Raphaël Cognet et son équipe. Conscient que la délinquance est un sujet de préoccupation pour ses concitoyens, le maire ne perd pas une occasion de faire la propagande de ses actions dans ce secteur. Sauf que le classement publié lundi par le quotidien régional démontre que la ville de Mantes-la-Jolie occupe le quatorzième rang du classement avec une note de 13,38/20 contre 15,66/20 à sa jumelle-siamoise Mantes-la-Ville qui obtient une quatrième place. Pourquoi donc cette curiosité qui fait que deux villes qu’aucune frontière ne sépare obtiennent des résultats aussi disparates ?

D’un côté un excellent quatrième rang pour Mantes-la-Ville, de l’autre une piètre quatorzième place pour Mantes-la-Jolie avec de surcroit une analyse inquiétante sur la nature même de cette délinquance.

Si on entend déjà Raphaël Cognet nous objecter que des villes bourgeoises comme Saint-Germain-en-Laye, Maisons-Laffitte et la Celle-Saint-Cloud sont classées derrière Mantes-la-Jolie. Mais ce serait lui faire offense que de lui rappeler que les trois villes précitées sont des cibles de choix pour les cambrioleurs tant la richesse y est concentrée. Il nous avancera aussi que Houilles et Vélizy sont elles aussi moins bien classées encore que sa ville. Sauf que ce serait faire de lui un ignorant en lui rappelant qu’Houilles est à dix minutes de Paris par le rail donc facilement accessible depuis la capitale et que Vélizy accueille sur son territoire un vaste centre commercial avec sa nuée de vols à l’étalage.

Seule Trappes est derrière Mantes-la-Jolie. Faut-il s’en ­satisfaire ?

Ce classement réalisé par le Parisien ne doit pas être une surprise pour le maire de Mantes-la-Jolie qui se retrouve un peu dans la position de l’arroseur arrosé, lui qui fait comme s’il conduisait aux destinées de la ville depuis sa réélection en mai 2022 alors qu’il se trouve, comme adjoint ou comme maire, dans la barque majoritaire municipale depuis 2014 comme adjoint puis 2020 comme maire.

Le quotidien régional qui sait dénicher l’information s’appuie au passage sur un audit commandé par Raphaël Cognet pour expliquer ce piètre classement et surtout sur la nature des causes qui se révèlent très inquiétantes. Dans son analyse, le Parisien écrit à propos de Mantes-la-Jolie : « Si cette ville bénéficie, depuis des années, d’une amélioration de son cadre de vie, quelques tendances interpellent à Mantes. Les « atteintes volontaires à l’intégrité physique » crapuleuses sont en augmentation de presque 37 % de 2021 à 2023, selon une étude menée pour la mairie par le cabinet Espace risk management ». Qui était maire à cette période si on exclue une parenthèse de cinq mois début 2022 ? Un certain Cognet Raphaël.

Le même cabinet Espace risk management rappelle que cette situation « alimente fortement le sentiment d’insécurité ». Il est un autre thème relevé par le cabinet spécialisé relayé par nos confrères. La hausse des « violences gratuites » faites dans la sphère publique ou familiale.

Le cabinet en conclue dans les colonnes du Parisien que « dans les deux cas, elles traduisent l’absence de contrôle de soi et d’un déficit de citoyenneté. Une interprétation corrélée par un taux d’élucidation des délits supérieur à la moyenne : la police est plus sollicitée mais travaille mieux ».

Chapeau bas donc aux fonctionnaires du commissariat de police nationale de Mantes-la-Jolie qui font le maximum dans un contexte difficile. Mais quid de la police municipale que le maire a laissée trop longtemps tomber en lambeaux ? Il se dit qu’avec la nouvelle mouture qui se prépare, on va voir ce qu’on va voir.