Après plusieurs mois de négociations, la nouvelle est tombée le mardi 27 février, date du dernier conseil municipal de Verneuil-sur-Seine : la municipalité s’apprête à acquérir un terrain de 28 500 m² sur la Pointe de Verneuil, pour la somme d’1,1 million d’euros. « C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur », a avoué le maire Fabien Aufrechter au début de la délibération. Le site, propriété de l’Établissement Public Foncier EPFIF depuis 2010, est l’une des 3 zones qui composent la Pointe de Verneuil, plus précisément celui sur lequel est située l’ancienne usine Caterpillar, aujourd’hui désaffectée.
Voilà plusieurs années que la parcelle est au cœur des débats au sein de la commune : il s’agit du terrain où Philippe Tautou, ancien maire de Verneuil-sur-Seine, souhaitait implanter une marina avec pas moins de 600 logements. Le projet est finalement tombé à l’eau, suite à la décision du tribunal administratif de Versailles de retoquer le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), estimant que le lieu ne devait pas accueillir de logements. Pour le plus grand plaisir de Fabien Aufrechter, qui avait affirmé son opposition au projet lors de la dernière campagne des élections municipales.
« En février (2020, Ndlr), on se rend compte que 69 % des vernoliens sont opposés à la Marina, se souvient le maire vernolien, alors candidat. Je me suis engagé dans la foulée à obtenir l’abandon du projet. Mais sans même mon action, le projet n’aurait pas pu se faire, car les associations ont gagné la bataille judiciaire ». L’ADIV-Environnement et la Ligue pour la Protection des Oiseaux s’étaient en effet opposées très tôt à cette idée, qualifiant de « catastrophe écologique » le projet porté par l’ancienne municipalité.
Si la Mairie se félicite de l’acquisition dudit terrain, qui représente un peu moins d’un tiers de la totalité de la Pointe de Verneuil, une question demeure : quel type de projet va-t-il accueillir ? La seule certitude que l’on peut avoir à cette date, c’est que la construction de logements est écartée. « Et ce pour 3 raisons, développe Fabien Aufrechter. D’abord, les nuisances, à cause de la proximité avec la Seine, le chemin de fer et l’aérodrome. La deuxième raison est liée au PLUi, qui prévoit de l’activité économique, ce qui me paraît plus sain. Et puis nous sommes sur une zone séparée de la ville, entre deux étangs. C’est magnifique, mais c’est en dehors de la ville. L’idée d’avoir un quartier urbain qui n’est pas intégré au tissu urbain est une logique qui n’a pas fonctionné, la faute à un risque de ghettoïsation de la population ».
Une volonté qui semble en phase avec celle des habitants qui, avant tout, ne veulent pas d’un projet qui génère du trafic. Plusieurs critères non-négociables sont alors avancés par la Mairie : il faut une idée qui « préserve cet espace », qui « fait briller la ville » et qui « accroît son attractivité ». S’il admet qu’il est « trop tôt pour donner des orientations », Fabien Aufrechter a retenu quelques idées suite aux dizaines de propositions d’achats reçues par la Ville ces dernières années avec, pêle-mêle, des projets industriels, des projets de campus, en passant par de l’hôtellerie ou des sites de loisirs ou d’attractions. « Les projets ne manquent pas », se réjouit l’édile.
Dans l’opposition, on ne partage pas cet optimisme. Le prix d’achat annoncé lors de la délibération du 27 février a même fait grincer quelques dents, à commencer par les membres de la liste « Verneuil, l’avenir ensemble » soutenue par Philippe Tautou lors des dernières élections municipales. « Ce sont 1 116 000 euros que les Vernoliens vont voir partir dans un terrain pour lequel vous avez des projets dont on ne voit pas la couleur, s’inquiète Julien Fréjabue, conseiller municipal d’opposition. On s’abstient sur cette délibération car on considère qu’on met 1 million par la fenêtre, à moins que vous nous prouviez demain que vous en trouviez un retour sur investissement ». « Si j’ai bien compris, ce n’est pas de bétonisation pour les logements, mais de la bétonisation pour ce qui n’est pas des logements, c’est le fameux en même temps », ironise même le conseiller municipal d’opposition Olivier Lujic.
C’est Blaise François-Dainville, du groupe « Verneuil, l’avenir ensemble », qui a finalement posé la question qui taraude les Vernoliennes et les Vernoliens : « Vous n’avez présenté aucun projet. Qu’est-ce que vous allez faire dessus ? Pourquoi vous ne pouvez pas nous le dire ? » Si rien n’est encore arrêté, c’est la faute à la longueur et la complexité du processus. « La réalité, c’est que les dossiers qu’on reçoit, on ne peut rien en faire tant qu’on n’est pas propriétaire, et qu’on n’a pas lancé d’appel à projets, admet le maire. Je ne suis pas inquiet, mais tant qu’on n’a pas fait la démarche, il faut donner du temps au temps ».
Si tout se passe bien, la Mairie sera officiellement propriétaire du terrain à la fin de l’année. Viendra alors le temps de l’appel à projets. « L’objectif rêvé est de le faire avant la fin du mandat, confesse Fabien Aufrechter. Mais le réalisme économique fait qu’il faut entre 3 et 5 ans pour un projet d’une telle ampleur. Dans tous les cas, pour nous, c’est du court terme. Ce qu’on vise, c’est l’arrivée d’Eole ». Vu les nombreux reports de l’arrivée du fameux RER, on devrait avoir de la marge.
La Pointe, épicentre de la « ville de demain » ?
Au mois d’octobre 2021, le conseil municipal votait l’instauration d’un périmètre d’études sur la pointe de Verneuil, et plus largement sur toute la partie de la commune située entre les voies ferrées et la Seine, depuis la gare des Clairières jusqu’à celle de Vernouillet-Verneuil. « Nous avons l’occasion de créer ici la ville de demain », déclarait alors Fabien Aufrechter qui, aujourd’hui, insiste sur l’importance de la Pointe qui en serait « l’épicentre ».
« On va aller chercher un projet phare qui doit concilier attractivité économique, et attractivité tout court. Quand la marina a été abordée, ce qui était évoqué c’était que l’arrivée d’Eole générerait des besoins de logements. À partir du moment où on fait une croix sur 600 logements, si nous arrivons à attirer un projet d’ampleur, nous pouvons imaginer un vrai projet pour construire la ville de demain sur la zone des 3 étangs juste à côté. Sur l’arrière du pôle Eole des Clairières, il y a beaucoup de fonciers, plus de 22 hectares, ce qui peut permettre d’imaginer un projet moins serré, par exemple un écoquartier, avec une jonction avec la base de loisirs ».