« Il y a un ras le bol manifeste et légitime ». Fawzi Benabdallah, délégué syndical FO et salarié du supermarché Auchan de Conflans-Sainte-Honorine était mobilisé, aux côtés de ses collègues le vendredi 29 mars, en réponse à l’appel de grève national de l’intersyndicale. Dans leur viseur ? Les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO), qui ont accouché d’un désaccord entre la direction et les représentants syndicaux. « L’entreprise Auchan nous propose 1,3 % (d’augmentation de salaire, Ndlr), nous estimons que c’est méprisant car cela ne correspond pas du tout à l’inflation, souligne Fawzi Benabdallah. Les collègues ont beaucoup de difficulté à joindre les deux bouts ». Ils n’étaient pas les seuls à se mobiliser en cette journée du 29 mars : les salariés du magasin de Plaisir et du dépôt de Trappes étaient également concernés. Tandis qu’à Buchelay, on a clamé son désaccord la semaine précédente, le vendredi 22 mars.
Au-delà de la NAO, les syndicats ont montré leur hostilité à l’égard des conditions de travail. « Aujourd’hui, on demande aux collègues d’avoir deux rôles, de travailler sur deux postes distincts : ils commenceraient le matin à 5 ou 7 h pour ensuite prendre un deuxième poste, ils ne seront plus sur un secteur précis, explique Fawzi Benabdallah. On imagine bien la raison : Auchan ne recrute plus ». Élodie, coordinatrice au sein de l’enseigne conflanaise, dresse un tableau édifiant de la situation de certains de ses collègues. « Le problème qui se pose, c’est qu’un départ n’est pas remplacé, les collègues sont épuisés, certains partent même avec les pompiers tant ils n’en peuvent plus, relate-t-elle. On est pris à la gorge, et à force de tirer sur la corde, il y a des risques psychosociaux, et cela devient très difficile de pouvoir jongler entre sa vie privée et professionnelle ».
Une situation qui contraste avec la récente actualité du groupe : comme le rappelle Fawzi Benabdallah, le groupe Auchan vient tout juste de racheter 98 magasins Casino dans l’ensemble de l’Hexagone. « Avec cet achat de Casino, l’actionnaire principal met des milliards dans une structure, reprend quand même plus de 70 supermarchés et 20 hypers, mais n’ont pas d’argent pour les collaborateurs ? »