Les difficultés de recrutement n’épargnent pas Ariane

Pour suivre la montée en cadence avec les nombreuses commandes de son nouveau lanceur, Ariane Group cherche à étoffer ses effectifs de production mais se heurte, comme de nombreuses entreprises, à la stagnation du marché de l’emploi.

ArianeGroup / PepperBox / Benoit Vallet

On pourrait croire que le prestige d’Ariane suffise à attirer des foules de candidats à tous les postes. Mais le géant européen de l’aérospatial n’est pas immunisé contre les difficultés de recrutement qui touchent bon nombre de secteurs professionnels : une centaine de postes sont à pourvoir cette année au sein du campus muriautin. « Avec un besoin particulier sur les métiers de production », précise Hugues Emont, directeur du site ArianeGroup des Mureaux.

Chaque année, une bonne centaine de nouveaux salariés y sont recrutés, dont 10 à 15 % d’opérateurs de production. Mais cette année 2024 n’est pas comme les autres : entre le 15 juin et le 31 juillet prochains aura lieu, à Kourou, le tout premier tir du nouveau lanceur maison, Ariane 6. Le premier d’une longue série. « Nous avons déjà 28 commandes, glisse Hugues Emont. C’est pour cette raison qu’en 2024, nous avons de réels besoins en terme de production, afin d’accompagner cette montée en cadence. Mais nous ne sommes pas les seuls ».

Tourneurs, fraiseurs, programmeurs, ordonnanceurs, peintres, techniciens maintenance… La liste des postes à pourvoir est longue. Et le directeur du site muriautin l’assure : la porte n’est fermée à personne. « On est open, sourit-il. Il nous faut à la fois des personnes expérimentées, et des ­personnes que l’on formera ».

Florian, ordonnanceur, et Laurent, technicien responsable d’essais.

Florian en est un bel exemple. À 45 ans, il est ordonnanceur pour ArianeGroup, qu’il a rejoint il y a 7 ans de cela. « Mon rôle ? C’est un peu comme quand on fait de la cuisine, s’amuse-t-il. On s’assure des étapes et qu’on a tous les ingrédients avant de mener une opération ». Avant de plonger dans l’aérospatial, Florian était… sellier garnisseur. De fil en aiguille, il est finalement passé des intérieurs cuirs de voitures aux fusées. « À force de faire de l’intérim, je suis arrivé chez un prestataire de service sur le site, se souvient-il. Je me suis formé en autodidacte sur place, d’abord chez mon prestataire, avant de finalement rejoindre Ariane. On peut se former et apprendre n’importe quel métier chez Ariane, si on a la volonté et l’envie ».

Celui qui n’était pas forcément attiré par l’aérospatial a finalement « attrapé le virus », comme aime le rappeler Hugues Emont. « J’ai des goodies, des posters sur les murs… On est quand même des chanceux », glisse Florian, des étoiles dans les yeux.

Laurent, lui, se voyait déjà intégrer ce secteur qui le faisait rêver, quand il était encore actif dans l’industrie du levage et de la manutention. « Avant je faisais ce que je pouvais, maintenant, je fais ce que je veux », lance-t-il fièrement. Ce technicien responsable d’essais de 46 ans admet sans détour que son CV « n’était pas en adéquation avec ce qui était demandé », quand il a rejoint la société en 2016. « Il faut tenter, on ne cherche pas forcément des profils qui collent à 100 %, sinon on se prive d’une ouverture sur d’autres types de métiers, de gens formatés différemment. Au delà de la compétence, on cherche un état d’esprit ». « Souvent les postes mentionnent un minima d’études, mais il ne faut pas en tenir compte, enchérit Florian. Tout se joue sur ­l’entretien ». Alors, à vos CV.