Place de la liberté : qu’en pensent les habitants ?

Le mercredi 3 avril se déroulait le 3ème atelier participatif censé dessiner le futur de la place de la liberté, à Conflans-Sainte-Honorine. Une balade urbaine était même organisée en amont pour recueillir les observations des habitants sur ce lieu de vie, que certains estiment inhospitalier, voire dangereux.

Bracelet jaune fluo serré sur le bras, petit carnet d’observations en main, nous voilà armés pour une balade urbaine d’1 h 30 dans le quartier de Chennevières. À la baguette, on retrouve Iris, urbaniste et consultante pour l’agence Eker, qui se charge des ateliers participatifs commandés par la Ville pour le réaménagement de la place de la liberté. « Nous sommes ensemble pour faire un diagnostic de l’espace public », lance-t-elle aux participants à l’heure du départ.

Une trentaine de Conflanaises et Conflanais ont répondu présent ce mercredi 3 avril pour arpenter la place de la liberté et ses alentours, aux côtés de représentants de la Mairie ou encore des paysagistes tout juste désignés pour imaginer le futur projet. La quasi-totalité des participants avait d’ailleurs pris part aux deux précédents ateliers de la fin du mois de mars, axés sur les « futurs lieux de vie » et le « patrimoine mémoriel » de la place.

À tour de rôle, les habitants donnaient leurs impressions, leur ressenti à différents endroits de la place de la liberté.

Dès les premiers mètres parcourus depuis la maison de quartier, les riverains relèvent l’un des principaux griefs qu’ils ont contre Chennevières : le stationnement. « Toute est payant maintenant », rumine une Conflanaise. « Il faudrait enlever les places situées le long de l’avenue Maréchal Foch, car cela fait rouler les gens sur la piste cyclable, qui d’ailleurs s’arrête d’un coup », propose sa voisine. « Ça ne fera qu’inciter les gens à rouler plus vite », lui répond un autre habitant. Mais s’il y a bien un point sur lequel les riverains s’accordent, c’est la sécurité. « Certains passages piétons sont bien situés mais d’autres non, on se demande si les voitures nous voient », observe l’un d’entre eux. Sans parler des trottoirs étroits qui nécessitent parfois de descendre sur la chaussée lorsqu’on croise quelqu’un.

En se dirigeant sur le parking central de la place de la liberté, les habitants abordent ce qui est, selon eux, le talon d’Achille du quartier : son attractivité. Lorsqu’Iris demande au groupe où est-ce qu’ils aiment se poser sur la place, les réponses sont grinçantes. « Chez moi », « nulle part », « ailleurs, sur les quais de Seine »… L’absence de petits commerces, de restaurants ou de terrasses se fait cruellement sentir du côté des riverains, qui en viennent à regretter la fontaine et la mare qui trônaient autrefois sur la place.

Le constat est aussi impitoyable qu’il est clair et limpide. Mais cela a au moins le mérite de faciliter la tâche de ceux qui doivent encore imaginer le futur concret de cet espace public, soit l’agence de paysagistes-urbanistes Folléa-Gautier. « On prend un train en marche, admet Maxime Bardou, paysagiste ayant pris part à la balade urbaine. On a bien reçu l’ensemble des éléments qui ont été formulés, ça fait partie de notre matière pour réfléchir ». Désignée le jour-même en tant que maître d’œuvre, l’agence a déjà affronté des situations similaires. Que ce soit à Boulogne-Billancourt et sa place Jules Guesde ou au sein du cœur historique de Fontenay-aux-Roses, les équipes de Folléa-Gautier ont su répondre aux problématiques de développement du commerce, de clarification de la circulation et de ­naturalisation.

Les différents groupes de travail ont pu partager leurs idées pour le futur aménagement du quartier.

Ça tombe bien, c’est exactement ce que la Ville recherche, comme a pu l’expliquer Grégory Földi, directeur des services techniques de la Mairie. « La Ville a une ambition sur cette place de créer de nouveaux espaces publics, de nouveaux usages, de végétaliser, d’organiser autrement le stationnement et de mettre en valeur les commerces. Les objectifs sont d’en faire un lieu plus attractif, de conforter la centralité, d’attirer de nouveaux habitants tout en accompagnant la population sur ­Chennevières ».

Convaincus, les habitants du quartier ? Difficile de le dire à ce stade, tant les contours de l’aménagement de la place restent nébuleux à l’heure où on se parle. Isabelle, qui a pris part à la balade, reste dubitative. « Sur le papier, c’est bien fichu, admet-elle. Mais après il faut voir la suite. J’attends de voir le projet, et ce qu’ils vont choisir. Au moins on nous écoute, mais est-ce que ça sera pris en compte, c’est autre chose ».

Son voisin, lui, en est certain : « comme d’habitude, on ne sera pas écoutés, lâche-t-il, amer. En 2018, on a fait la même chose, ça n’a rien donné ». « Mais le maire choisira parmi nos idées, rétorque alors une habitante plutôt séduite par le dispositif. Si vous n’y croyez pas, ­pourquoi vous­ participez ? »

Un quatrième atelier participatif, le 4 mai, permettra de présenter les hypothèses d’aménagement.

Après la balade s’est déroulé le troisième et dernier atelier participatif durant lequel les participants, répartis en plusieurs groupes de travail, ont pu partager leurs idées, leurs suggestions pour améliorer l’attractivité du quartier.

Toutes les observations emmagasinées depuis la première réunion du 23 mars sont désormais sur le grill des maîtres d’œuvres, qui redonnent rendez-vous aux Conflanaises et Conflanais le samedi 4 mai prochain, à 10 h à la Maison de quartier de Chennevières, pour une présentation des hypothèses d’aménagement de la place. Giratoire ? Route à double-sens ? Place coupée en deux par une voie ? Cette dernière date à cocher dans le calendrier permettra d’y voir plus clair sur le futur du quartier.

Conflans Demain, c’est quoi ?

La réhabilitation de la place de la liberté, qui traîne maintenant depuis la fin d’année 2018, fait partie d’un projet plus global baptisé « Conflans Demain » par la municipalité. Celui-ci s’articule en 7 phases censées « rendre la ville plus agréable, plus pratique et plus dynamique ». Les espaces publics concernés, outre la place de la liberté, sont la place Fouillère, le site Thalès (ZA Les Boutries), le gymnase Foch, le quartier Paul Brard, l’Île de Devant ou encore la rue Maurice Berteaux, actuellement en travaux jusqu’à décembre prochain.