Drôle de méthode du nouveau directeur de la police municipale

Récemment arrivé de la banlieue lyonnaise, il annonce à qui veut bien l’entendre qu’il souhaite « réinvestir et se réapproprier » le Val-Fourré. Mais en a-t-il seulement les moyens juridiques et humains ?

Si le sujet ne portait pas sur la sécurité des biens et des personnes, il prêterait presque à sourire. Seulement voilà, celui qui laisse entendre sans grande précaution oratoire qu’en substance « on va voir ce qu’on va voir » et que les délinquants mantais feraient bien de raser les murs quand ils croiseront les policiers qu’il dirige manque pour le moins d’humilité.

Car à Mantes-la-Jolie, personne n’a attendu ce garçon pour tenter de juguler les vols, violences aux personnes et le trafic de ­stupéfiants.

Des générations de commissaires, d’officiers et de gardiens de la paix s’y sont confrontés, ne ménageant ni leur énergie ni leur professionnalisme. Avec des résultats contrastés.

Seulement voilà, aucun spécialiste du sujet n’avait pensé à sortir de sa banlieue lyonnaise le « directeur miracle » celui qui d’un coup d’un seul va régler tous les soucis mantais en la matière. Bon sang, mais c’est bien sûr !

Mais comme on disait jadis dans le Sentier quand un nouveau vêtement était lancé sur le marché : « Il faut laisser sa chance au produit ».

Alors, avant de constater les reculs de la délinquance dans la sous-préfecture yvelinoise, regardons déjà d’un peu plus près comment ce professionnel compte s’y prendre.

Concernant l’arrivée des futurs policiers, le service recrutement de la ville est mis sur la touche. Pensez-donc, ses agents ne sont pas aptes à évaluer celle ou celui qui portera l’uniforme sur la voie publique. Pour des agents d’accueil, des comptables, des juristes ou des travailleurs sociaux passe encore mais pour des gardiens de police municipale, n’y pensez même pas.

Compte-tenu du discours qu’il tient à l’encontre des futures recrues, mieux vaut d’ailleurs que des oreilles indiscrètes ne soient pas présentes.

Car son obsession c’est la réputation de « sa » police municipale. Gare à celle ou celui qui en dira du mal à des proches ou pire encore sur les réseaux sociaux. Il lui faut s’attendre à des représailles ­impitoyables.

Dans l’organisation qu’il veut mettre en place, il dit vouloir optimiser la brigade qui opérera en après-midi et en soirée avec toujours la même obsession, ­s’attaquer au Val-Fourré.

Mais ce n’est pas tout. En apparence très porté sur les armes pour en être un spécialiste, il n’a pas hésité à demander à un des fonctionnaires placé sous sa responsabilité de lui en sortir une de l’armurerie. Puis il a « privatisé » une salle municipale de l’île Aumône afin de faire manipuler ce fameux pistolet semi-automatique aux postulants pour mesurer leur niveau de maniement. Une sorte de test grandeur nature.

Dans les rangs de la police nationale, on redoute le pire avec l’arrivée de ce nouveau directeur de la police municipale : « Ce que je crains, c’est que ce monsieur va vouloir aller bien au-delà de ce que les textes prévoient pour les polices municipales qui ont des pouvoirs juridiques très restreints en poussant ses agents » avance un officier en poste dans les Yvelines. « Et une fois que la situation va être tendue sur le terrain, on va nous appeler à la rescousse. Lutter contre la délinquance dans une ville comme Mantes-la-Jolie ne s’improvise pas. Je crains que s’il n’est pas bien encadré par le maire qui doit lui poser des limites claires, on peut rapidement se retrouver dans une situation ingérable. Éradiquer la délinquance, oui bien sûr et sans réserve, c’est ce que je fais depuis 27 ans. Mais attention à ne pas créer plus de problèmes qu’on n’en solutionne ».