« C’est la plus grosse erreur de ma vie. Si je pouvais me faire du mal pour ce que j’ai fait, je le ferais ». Sarah*, mère d’une fratrie de trois enfants, culpabilise. Beaucoup même. L’année dernière, lorsqu’elle déménage sur Buchelay, cette Mantaise laisse sa fille aînée, Mia*, à l’école élémentaire Jean-Jacques Rousseau, « là où elle a tous ses amis ». Cependant, pour des raisons pratiques – en 2025, celui du milieu rentrera en maternelle – cela s’avère plus simple d’avoir ses enfants scolarisés dans sa nouvelle commune de résidence. Réticente au début, Mia se laisse convaincre pour faire plaisir à sa maman.
Lors de la rentrée 2023, la petite fille met toutes les chances de son côté pour faire bonne impression dans sa nouvelle classe. Endimanchée dans sa petite robe, elle s’arme de son plus beau sourire afin d’aller à la rencontre de ses camarades. En vain. Mais elle ne perd pas espoir. « Chaque soir je lui demandais comment cela s’était passé, elle me disait « ne t’inquiète pas maman, cela va le faire » » se remémore Sarah. Cependant la situation dégénère rapidement. Au bout de quelques jours, quand le maître s’en va chercher des feuilles, Mia reçoit des boulettes de papiers, des gommes. Un petit garçon lui dit même qu’elle doit se suicider.
Sarah alerte donc la directrice de l’établissement ainsi que le maire de Buchelay. Un signalement à l’inspection académique est également réalisé qui lance le protocole pHARe (programme de lutte contre le harcèlement scolaire). Pendant ce temps-là, la mère de famille va à la rencontre des parents des enfants qui harcèlent sa fille : « La plupart ont très bien réagi et ont même grondé leurs enfants ». Les vacances de la Toussaint offrent un peu de répit à Mia, mais le retour est douloureux.
Le jeudi, la petite fille est au bord des larmes. « Maman je suis désolée mais faudrait peut-être que je me suicide » rapporte Sarah en contenant ses sanglots. Mia lui explique alors qu’une dizaine de garnements se sont acharnés sur elle, lui arrachant même une touffe de cheveux. « Maman, remets-moi avec mes amis » supplie-t-elle. Ni une ni deux, la Bucheloise retire son enfant de l’école et voit la mairie bucheloise faciliter le transfert vers Mantes-la-Jolie.
En octobre, Mia retrouve ses copains-copines mais le combat n’est pas terminé pour sa mère. Alors que la municipalité mantaise lui assurait qu’elle bénéficierait d’un tarif intra-muros de – 3 euros selon son quotient familial – Sarah paye toujours celui extra-muros de 10,90 euros. Elle se demande si ce revirement de situation ne vient pas du fait qu’elle ait mis en place l’association du quartier Mozart, où les locataires se battent pour être relogés convenablement alors qu’un programme de démolition vient d’être mis en place.
Lors du conseil municipal du 29 avril, la délibération sur les tarifs municipaux a permis à l’opposition de confronter le maire DVD Raphaël Cognet face à cette affaire. Celui-ci a rappelé que d’après la directive Attal, c’était aux élèves harceleurs d’être déplacés et qu’il préfère trouver un accord avec sa commune voisine plutôt qu’ajouter un amendement au règlement intérieur.