La salle de prière a trouvé son emplacement

Depuis plusieurs années, les musulmans pratiquants de la commune d’Aubergenville recherchaient un véritable emplacement afin d’exercer leur culte. La Mairie a donc décidé de leur louer le terrain se trouvant à côté du stade de rugby. Une salle de prière avec deux bungalows va être aménagée d’ici la fin de l’année 2024.

« Je veux que tout le monde puisse exercer son culte en toute sérénité. » Gilles Lécole, maire LR d’Aubergenville, est droit dans ses bottes lorsqu’il parle laïcité. Depuis plusieurs années, les musulmans pratiquants de sa commune étaient cantonnés à une petite salle de 70m² située au 60, rue du plateau, à l’intérieur d’un bâtiment appartenant au bailleur social 1001 Vies Habitats. Et encore, quelques années auparavant, c’était pire : « Mon prédécesseur François Bony (maire de la Ville entre 2001 à 2014) avait négocié avec ce bailleur car les fidèles priaient dans des caves, ce qui était inconcevable humainement. » Sauf que le nombre de croyants augmentant, ils se sont à nouveau retrouvés à l’étroit. « Au niveau de la sécurité, cela laissait à désirer. Lors de certaines prières comme celle de l’Aïd, tout le monde ne peut pas rentrer » précise Rachid, trésorier de l’Association de la communauté ­musulmane d’Aubergenville.

Peu de temps après l’élection de Gilles Lécole en 2020, l’ACMA vient donc à sa rencontre afin de trouver un terrain : « Nous avons passé en revue ceux que je voulais garder pour d’autres projets. Je ne désirais pas non plus le rachat d’un pavillon car la priorité était que personne n’ait à subir de nuisances. L’association s’est donc rabattue sur des Algeco. » Et finalement quatre ans plus tard, la parcelle a été trouvée.

La salle située au 60, rue du plateau était devenue trop petite pour les musulmans pratiquants de la commune d’Aubergenville.

Elle se trouve au niveau du terrain de rugby, au croisement de la rue du Faubourg et du chemin de Vaux-les-Huguenots. Plus de 1 000 m² juste à côté des champs qui servait principalement à collecter les déchets végétaux de la ville. De plus sa forme particulière en pointe ainsi que sa position ne permettaient pas d’envisager d’autres constructions. « C’était une volonté commune de n’apporter aucune nuisance aux alentours. Là hormis quelques lapins et des chevreuils… » s’amuse l’édile local.

Cependant, la Mairie a dû effectuer des travaux pour viabiliser le terrain. Si la présence de parking évitait des aménagements au niveau des champs aux alentours, il fallait raccorder l’eau et l’électricité. La Municipalité a donc sorti de sa poche 50 000 euros, une somme qu’elle récupèrera grâce au bail emphytéotique (bail immobilier qui a pour particularité d’avoir une longue durée (99 ans) conférant au locataire une quasi-propriété du bien, Ndlr) conclue avec l’ACMA, qui a aussi déposé un permis de construire : « C’est une excellente façon de contractualiser entre nous et l’association cultuelle. » Par ailleurs, les fidèles devaient aussi partir 60, rue du plateau car le durcissement de la loi ne permettait plus à 1001 Vies Habitats de mettre à disposition une salle de prière dans ses logements sociaux.

Gilles Lécole, maire LR d’Aubergenville, est ravi d’avoir trouvé une solution aux problèmes de l’ACMA.

Gilles Lécole l’assure, « tout a été fait dans les règles de l’art ». La Mairie, l’ACMA et les services de la Préfecture se sont réunis plusieurs fois car « pour tout ce qui est salle de prière, cela passe par une autorisation préfectorale afin de savoir d’où proviennent les fonds et pour quel type d’association. Aujourd’hui je peux présenter un projet à mes habitants dont l’État assure la solidité intellectuelle. » Seul élément que souhaitait imposer Monsieur le Maire : avoir une salle de prière pour les femmes mais l’association cultuelle l’avait déjà prévue. En outre, l’aménagement du terrain sera présenté au prochain conseil municipal : « Je trouve cela normal d’informer la population, d’être transparent. J’ai cru comprendre qu’il pouvait y avoir une légère opposition mais moi je suis droit dans mes bottes. Sur les réseaux sociaux il y a aussi eu quelques mauvaises réactions mais je suis persuadé que ce ne sont pas des Aubergenvillois ou des Aubergenvilloises. »

Même si l’ACMA a fêté la mise à disposition de ce terrain comme une victoire, elle aurait aimé profiter d’un véritable édifice en dur. « Là c’est une salle de prière, tu ne peux pas faire autant de choses que si tu disposais d’une mosquée » déplore Rachid, mais au moins cela résout les problèmes logistiques de certains croyants. » En effet, suivant la localisation de leurs travails, ils pouvaient se rabattre sur les mosquées aux alentours comme à Mantes-la-Ville ou à Mantes-la-Jolie. L’association va donc installer dans les semaines à venir les deux bungalows dont elle s’est déjà portée acquéreuse : « Nous allons devoir débourser entre 80 000 et 100 000 euros et nous avons lancé une cagnotte en ligne (sur CotizUp, Ndlr) afin de demander l’aide de nos fidèles. » D’ici fin 2024, ce seront donc 400 personnes qui pourront venir au croisement de la rue du Faubourg et du chemin de Vaux-les-Huguenots.

Dorénavant dans la commune aubergenvilloise, les habitants pourront compter sur les deux églises, le temple protestant et la salle de prière afin que chacun et chacune puisse profiter de sa liberté de culte, comme l’assure le principe de la laïcité.