Si ce n’est pas une pétaudière, ça y ressemble étrangement. Depuis le changement de prestataire en octobre dernier, les seniors qui se font livrer leurs repas à domicile n’ont pas eu à débourser ou plutôt n’ont pas pu débourser le moindre centime malgré le service rendu. La faute à la ville qui ne leur fait pas parvenir de facture. Sauf que la ville règle elle de son côté les repas au prestataire Saveurs et Vie qui a remplacé Elior le 1er septembre dernier.
Bilan de l’opération, alors que la ville doit serrer les cordons de la bourse, elle s’autorise cette fantaisie comptable qui lui coûte très cher. Bien entendu, comme c’est souvent le cas en pareille situation, le bouc émissaire est tout trouvé. « C’est un problème informatique » avance la ville qui en sept mois n’a visiblement pas été en capacité de le régler.
Cette situation, au-delà de l’aspect financier, suscite quand même des questionnements et non des moindres. Le CCAS (centre communal d’action social) revu et corrigé qui avait été présenté en son temps comme la solution quasi miraculeuse montre ses limites.
Autre sujet d’importance, le stress généré chez les seniors par cette situation : « La ville ne se rend pas compte que c’est très anxiogène pour les anciens. Le fait de ne pas pouvoir s’acquitter de leur repas plonge certains d’entre-eux dans l’angoisse. C’est le cas dès qu’on les met dans une situation anormale » explique un spécialiste de cette tranche d’âge « Et puis, il ne faut pas non plus faire abstraction des difficultés chez certains à gérer leurs budgets. Parmi les « bénéficiaires » bien involontaires, certains ont de toutes petites retraites. Ils vont devoir débourser soit d’un coup 8 mois de repas, soit ce qu’ils doivent va être étalé dans le temps mais ça va être de toute façon très désagréable pour eux ».