Une maison d’accueil pour les jeunes LGBT rejetés par leur famille

Le Refuge, association venant en aide aux jeunes LGBT abandonnés par leurs familles, a inauguré le 25 juin à Verneuil-sur-Seine sa première résidence dans l’ouest-parisien ainsi que dans les Yvelines. Une ouverture permise grâce au concours de la Mairie.

Un sentiment mitigé accompagne toujours ce type d’inauguration. Le 25 juin, le Refuge, association accompagnant les jeunes personnes LGBT+ laissées à l’abandon par leur famille, était au côté de la municipalité de Verneuil-sur-Seine afin de présenter la future maison pouvant accueillir quatre jeunes – au moins majeurs – auxquels elle vient en aide.

Pour cet événement, Xavier Iacovelli, sénateur des Hauts-de-Seine, s’est permis une légère infidélité envers son territoire, lui ayant fait du droit des enfants un combat personnel depuis plus de 7 ans. « Si nous devons ouvrir des lieux comme le Refuge, c’est qu’il reste des esprits faibles. » s’insurge le politicien. Toutefois, il ne souhaitait pas noircir complètement le tableau, mettant également l’accent sur les progrès réalisés depuis plusieurs années comme l’interdiction des thérapies de conversion et l’autorisation pour les homosexuels de donner leur sang (novembre 2023).

Fabien Aufrechter est également un allié de la cause LGBT+. « Dans les mois qui ont suivi notre élection, nous avons été confrontés dans la ville à deux situations de jeunes rejetés par leurs parents suite à leur coming-out. » narre-t-il. La Mairie avait alors décidé de les accompagner, notamment en les logeant dans l’internat de Notre-Dame « Les Oiseaux ». Par ailleurs, la Ville avait ensuite pris toute une série d’initiatives, comme la promotion de la tolérance zéro à l’égard des injures sexistes, racistes, handiphobes, antisémites et LGBTphobes, la lutte contre l’homophobie dans le sport, et le lancement d’un plan de lutte contre les violences scolaires.

« Cette inauguration marque une deuxième étape pour notre fondation, explique Pacôme Rupin, directeur général du Refuge, car il nous manquait ce lien intermédiaire entre le dispositif d’urgence et la totale autonomie ». En effet, lorsque les jeunes atterrissent dans un de leurs hébergements d’urgence, ils bénéficient d’abord d’un suivi psychologique, puis les bénévoles les aident à trouver un travail : « Ils enchaînent les petits boulots ou les CDD, et pour trouver un logement c’est compliqué quand on a aucune ­ressource. »

La maison vernolienne est donc là pour pallier cela. Les futurs résidents ne paieront comme loyer qu’un petit pourcentage de leur ressource, ce qui permettra de les lancer dans la vie. « On serait sur une occupation de 2 à 3 ans mais il faut du turnover pour aider tout le monde, explique Pacôme Rupin. Nous n’avons que 35 places en Île-de-France alors que nous avons eu 230 demandes l’année dernière » enchaîne Benoît Cascade, ­directeur des relations ­institutionnelles.

Cette année le Refuge a encore aidé 250 jeunes et craint surtout que les discours de violence se normalisent. « Nous espérons que nos actions ne gênent aucune mouvance politique. L’État nous subventionne à hauteur de 15 %, la majorité des donateurs sont institutionnels ou des entreprises. Quoiqu’il arrive le 7 juillet, un de nos enjeux sera pouvoir continuer notre activité » conclut Pacôme Rupin.