Léna Kurbiel, plus jeune femme à traverser le Pacifique à la rame

Participante à la course World’s Toughest row, une traversée du Pacifique à la rame, Léna Kurbiel et Liz Wardley ont réussi à rallier les 4 500km en 37 jours 16 heures. Cela permet à l’Orgevalaise de 17 ans de décrocher le record de la plus jeune femme à avoir traversé un océan à la rame.

Léna Kurbiel

Le but était d’arriver en moins de quarante jours, l’objectif est donc atteint ?
Clairement la mission est accomplie. Liz et moi avons réussi à battre le record du monde mais comme il y a un équipage devant nous, c’est lui qui en profite. Il nous a devancées de ­seulement 5 h, ce qui est assez ­frustrant.

Comment s’est déroulée la compétition ?
C’était intense, du début jusqu’à la fin, avec beaucoup de retournements de situation. Les deux premières semaines se passent bien. Nous virons en tête alors qu’en face il y avait des équipages de 3 ou 4 personnes, donc théoriquement plus forts que nous. Puis nous avons fait le choix d’aller vers le Sud…

Pourquoi n’était-ce pas un bon choix ?
Quand nous avons interprété les fichiers météo, nous voyions énormément de courants pour aller vers Hawaï. Or ils ne se sont jamais matérialisés. Au contraire, j’ai même eu l’impression qu’ils étaient contre nous. Idem pour le vent. La dernière semaine, nous pensions en profiter, et finalement, c’était calme.

Quelles ont été les conséquences ?
Nous devions ramer encore plus. Notre rythme devait être le suivant : deux heures pour ramer, deux heures pour se reposer. Là c’était des sessions d’1 h 30 avec seulement 30min de sommeil pour récupérer. Ce qui a créé des tensions.

Comment se matérialisaient-elle ?
Rien de bien méchant, c’était surtout des petites réflexions. Par exemple, si tu ratais le réveil de quelques minutes où que tu prenais un peu plus de temps pour manger.

Liz et Léna ont dû puiser dans les réserves pour rallier Hawaï

Dans quelles conditions vous ­ramiez ?
Il faisait très froid. Nous avions pris des sacs de couchage que les aventuriers emportent pour aller dans l’Antarctique. Nous avons dormi dedans tout le temps. Il y avait également des vagues qui grimpaient jusqu’à 3m de haut mais cela s’est calmé lorsque le vent est retombé.

Par ailleurs, vous avez été presque en manque de la nourriture.
Oui, nous pensions arriver un jour plus tôt le dernier jour. Nous avons dû nous contenter de nouilles instantanées au lieu de la nourriture plus calorique. Ce n’était donc pas très fun d’aller dans la cabine pour manger car le choix était très restreint. Après, pendant toute la course, cela manquait de variété. Je mangeais des mac’n’cheese (macaroni au ­fromage) au moins une fois par jour.

Tous les efforts que vous avez faits se voient-ils physiquement ?
À l’arrivée, quand ma mère m’a serrée dans les bras, elle a remarqué que j’avais perdu de la masse musculaire. Elle m’a même dit qu’elle avait l’impression d’enlacer un squelette. Et j’ai des vêtements qui sont ­devenus assez amples.

Malgré ce bon résultat, est-ce qu’une légère soif de revanche t’anime ?
Au début non, mais après 4-5 jours à Hawaï, je me suis dit que je voulais ce record du monde. J’ai celui de la plus jeune personne mais pas de la traversée. Peut-être que cela sera sur un autre océan comme l’Atlantique. Il y a également des rumeurs d’une nouvelle route qui pourrait s’ouvrir dans l’océan indien…