« Je suis ravi de cette expérience » : Arkane Art fait parler ses pinceaux dans les rues conflanaises

L’artiste Arnaud De Jesus Goncalves, dit « Arkane », a habillé un mur de la rue Désiré Clément à Conflans-Sainte-Honorine, la semaine dernière, avec une œuvre commandée par la municipalité. Entretien.

Graffeur ? Street-artiste ? Taggeur ? Rien de tout ça : Arkane Art, ou Arnaud De Jesus Goncalves de son vrai nom, préfère le terme de muraliste pour parler de son activité. « L’étiquette street-art a une dimension qui peut être dévalorisante », précise-t-il. Alors oui, l’Avignonnais de naissance, aujourd’hui à Montpellier, est connu pour ses œuvres réalisées dans la rue. Mais ce peintre académique travaille aussi bien sur des murs que sur des toiles, et privilégie « les visages et les ambiances » aux lettrages et aux graffitis ­habituellement associés à l’art urbain.

Il y a désormais deux semaines de cela, Arkane Art traversait l’Hexagone avec son utilitaire rempli de matériel. La destination ? La commune de Conflans-Sainte-Honorine. « Cela fait 6 mois que l’on travaille sur le projet », raconte l’intéressé. À ce moment-là, la Ville contacte plusieurs artistes pour donner vie à une œuvre autour du thème de la musique et de la diversité, afin d’habiller un mur de la rue Désiré Clément. Après une phase de réflexion et d’esquisses qui verra de nombreuses idées se bousculer, d’une lyre scandinave à un hommage au patrimoine fluvial de la ville, c’est finalement l’idée d’une jeune brésilienne dotée d’une trompette, habillée de vêtements tribaux, qui est retenue. « J’avais la pression, avoue l’artiste. Je savais que moi, j’allais partir, mais que l’œuvre allait rester, je n’avais pas le droit à l’erreur. Mais je suis satisfait, elle a une belle énergie, quelque chose de mystérieux, avec un décalage entre passé et ­modernité ».

Pendant tout le processus de création, qui aura duré du dimanche 18 au dimanche 25 août, Arkane Art a pu faire connaissance avec des riverains qui, bien que décontenancés de prime abord, l’ont soutenu jusqu’au dernier coup de pinceau. « Les gens étaient ravis, j’ai été très bien accueilli, savoure le Montpelliérain. Quand on réalise une fresque en direct, des interactions se créent : une dame se demandait ce que je fabriquais au début, puis elle a commencé à identifier, et elle est venue les jours suivants pour voir comment ça évoluait. J’ai fait de super rencontres, avec un public réceptif et encourageant, je suis ravi de cette expérience ».

Il faut dire que le regard des non-initiés sur le street-art a considérablement changé au cours des dernières années. Une démocratisation qui permet de mettre en lumière des artistes talentueux trop longtemps dénigrés. « Cela a donné une vraie direction à notre activité, observe Arkane. Avant, le public était moins réceptif, il y avait ce rapport à la dégradation et au petit banditisme. Il peut encore y avoir des préjugés, quand des gens voient quelqu’un avec un sac à dos et des bombes de peinture. Mais par exemple, le fait que je travaille uniquement avec des pinceaux et des rouleaux, ça rassure ».

Aujourd’hui, ses fresques grand format – inspirées par le courant impressionniste – sont de plus en plus reconnues dans le milieu. Promoteurs immobiliers, collectivités, particuliers… Nombreux sont ceux qui font appel à Arkane Art pour redonner de la personnalité à des murs sans vie. Et au vu des retours positifs sur les réseaux sociaux, quelque chose nous dit que les Conflanaises et Conflanais ont apprécié sa ­dernière création.