« Un effet indiscutable » : les JO dopent les inscriptions dans les clubs sportifs

De nombreuses familles se sont rendues aux différents Forums des associations, qui se sont déroulés aux quatre coins du territoire le week-end dernier. Les clubs sportifs locaux s’attendaient à un « effet JO » après un été où tous les types de sports ont pu être médiatisés. Ils n’ont pas été déçus : que ce soit en tennis de table, en tir à l’arc ou en natation, les performances de nos champions tricolores ont donné un coup de fouet au nombre de licenciés.

« Maman, regarde ! C’est Félix et Alexis ! » La section Tennis de table de l’AS Mantaise savait comment s’y prendre pour attirer les jeunes lors du Forum des associations de Mantes-la-Jolie, samedi dernier. Au niveau de leur stand, installé parmi plus d’une centaine d’associations culturelles et sportives autour de l’hôtel de Ville, on pouvait trouver des photos des frères Lebrun, raquettes à la main. « Les parents évoquent les frères Lebrun au moment de la prise de renseignements, glisse la présidente du club, Corinne Bourdon, dans un sourire. Après cet été, forcément, ils ont donné envie aux enfants ! »

C’est un phénomène souvent observé après les coupes du monde de football, ou d’autres grands événements sportifs : la médiatisation de ces compétitions à l’échelle internationale est souvent suivie d’une hausse du nombre de licenciés. Alors, après un été olympique qui aura fait vibrer bon nombre de foyers français grâce aux performances de nos champions tricolores, que ce soit Léon Marchand en natation, les frères Lebrun en tennis de table ou Teddy Riner en judo, les présidents d’associations se frottaient les mains en cette rentrée 2024.

« L’intérêt des familles était plus précoce, raconte la présidente de l’ASM Tennis de table. J’ai des coups de téléphone et des demandes par mail depuis mi-août. Depuis, c’est régulier. Parmi les intéressés, il y a beaucoup de jeunes, dont des fratries ! » Une preuve de plus de l’influence de nos deux talents aux cheveux blonds.

Félix Lebrun, médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Paris, a motivé bon nombre de jeunes à se lancer dans le tennis de table.

Du côté des Mureaux aussi, on semble se passionner pour la discipline. Les propriétaires du stand de l’Union Tennis de table Meulan-Les Mureaux étaient particulièrement occupés, samedi dernier lors du Forum qui se déroulait sur le terrain extérieur du Cosec Pablo Neruda. « Les frères Lebrun cartonnent sur les réseaux sociaux, ça nous fait un gros boom pour la pratique, savoure-t-on chez les encadrants du club. Il y a un effet indiscutable. C’est ça la différence avec les autres sports : le tennis de table n’est jamais médiatisé, et là, pour la ­première fois, il l’a été ».­

L’année dernière, le club avait compté 26 prises de renseignements pour venir tester la discipline. Cette fois-ci, à la mi-journée, il en comptait déjà plus d’une trentaine. « J’ai demandé à d’autres clubs qui avaient eu le forum la semaine dernière, ils avaient un tiers d’inscrits en plus », ajoute-t-on au sein du stand.

Les dirigeants du club, auraient vu venir cet engouement. « On a un peu anticipé le fait d’avoir plus d’adhérents pour structurer le club, avec plus d’entraînements pour les jeunes, avant même d’avoir les résultats des Lebrun. On savait que c’était une année olympique, alors on a demandé aux Mairies de nous ouvrir des créneaux supplémentaires pour offrir des horaires d’entraînements adaptés aux jeunes, plutôt en fin d’après midi que tard le soir. On a fait ce pari, avec un entraîneur supplémentaire, des ­encadrants bénévoles… »

Avec son pas de tir modernisé, la Compagnie d’arc Les Mureaux avait anticipé l’engouement pour la discipline.

Le tennis de table n’est pas le seul sport à avoir profité de l’engouement olympique. Les performances de Baptise Addis, Thomas Chirault, Jean-Charles Valladont ou encore de Lisa Barbelin ont mis le tir à l’arc en lumière comme jamais auparavant en France. Pour le plus grand bonheur de la Compagnie d’arc Les Mureaux. « Regardez la fiche des gens intéressés ! s’enthousiasme le président du club. Il y en a beaucoup plus que l’année dernière. Et on en a de tous les âges, même des retraités ». Ça tombe bien, le nouveau pas de tir modernisé du club a été inauguré au mois de juillet dernier, permettant aux adhérents de s’entraîner de nuit, et le rendant surtout accessible aux fauteuils roulants.

Avec 5 médailles dont 4 du plus beau des métaux, Léon Marchand est devenu, en l’espace de quelques semaines, la nouvelle coqueluche du sport français. De quoi motiver les jeunes Yvelinois à se jeter dans le grand bain de la natation ? La longue file d’attente pour s’inscrire au Cercle Aquasport des Mureaux témoignait, en tout cas, d’une effervescence particulière. Même si la course aux créneaux fait rage chaque année au sein du club ­muriautin.

À Mantes-la-Jolie, en revanche, on s’étonnait du calme plat qui entourait le stand du Cercle des nageurs de Mantes en Yvelines. « Je redoutais la journée d’aujourd’hui, je m’attentais à une file d’attente qui allait jusqu’à la mairie, car on a eu des ­années où c’était impressionnant, avoue le président du club. On a peut-être eu plus de demandes dans la catégorie adolescents par rapport aux années précédentes, mais on a connu de bien meilleures années. Après, la journée n’est pas finie ! »

Le basket 3v3 a fait sensation lors des olympiades parisiennes.

Après avoir accueilli des petits nouveaux portés par la « JO mania », le prochain défi pour les clubs sera de les fidéliser, et ainsi d’éviter que cet engouement ne soit éphémère. « Pour ça, c’est à l’entraîneur de faire le travail, glisse le président de l’ASM Judo, Fahd Gazouani. On voit une légère augmentation d’inscrits, notamment chez les poussins et pré-poussins. Les JO vont clairement aider à avoir du monde, les parents nous parlent du succès de l’équipe de France. Mais maintenant, on propose plus que du judo, avec de la pratique éducative et corporelle pour les plus jeunes, ou encore des cours de self-­défense pour les femmes ».

Pour les encadrants de l’Union Tennis de table Meulan-Les Mureaux, la clé pour fidéliser les jeunes, c’est l’accès rapide à la compétition. « Si on reste dans la partie loisirs, c’est plus dur pour eux de se dépasser. En participant tôt à des compétitions, il y a plus de motivation à l’entraînement ». Peut-être que dans 10 ans, on vibrera devant les exploits de jeunes Yvelinois biberonnés à Paris 2024.