À mi-chemin entre le thriller et le roman historique, La bête de l’Yveline est avant tout le récit d’un épisode oublié de l’histoire de notre territoire, et de notre pays : celui d’une bête mystérieuse qui semait la terreur aux portes de Versailles, dévorant et égorgeant paysans, femmes et enfants au XVIIème siècle. « Mon livre relate l’histoire de manière romancée, je me suis concentrée sur le contexte historique et sur cette question : pourquoi personne ne s’en est rappelé ? » À la plume de cet ouvrage, on retrouve Florence Metge, romancière adepte de suspense et de thriller, et qui accorde une place prépondérante à l’Histoire dans ses récits.
C’est lors de ses recherches sur la bête du Gévaudan, à laquelle elle a consacré déjà deux livres, que cette ancienne habitante des Yvelines découvre des témoignages évoquant des attaques dans la forêt jouxtant le château de Versailles, alors agrandi par Louis XIV pour y installer sa cour. « En me plongeant dans les archives, je suis tombée sur une liste de bêtes, il y en avait entre 20 et 30 similaires, se souvient-elle. Et celle des Yvelines m’a frappée : elle avait fait beaucoup plus de victimes que la bête du Gévaudan ».
Florence Metge se met alors à fouiller les archives départementales, à tenter de lever le voile sur cet épisode oublié. Et découvre des témoignages édifiants. « On sait qu’il y a eu au moins 190 morts, car on a retrouvé les actes de décès. Mais il faut savoir que les registres paroissiaux du XVIIème siècle ont en partie disparu. Quand on voit que des témoignages de curés faisaient état de 100 morts en 1668, un an après les premières attaques, et de plus de 200 victimes au milieu de l’affaire, on pourrait croire sans prendre de risques qu’il y a eu au moins 500 morts ».
Mais comment une telle affaire peut-elle bien tomber dans l’oubli, alors que la bête du Gévaudan est encore évoquée de nos jours ? Selon l’auteure, le contexte historique est l’un des principaux facteurs de la disparition de la bête de notre mémoire collective. « Au XVIIIème siècle, l’affaire de la bête du Gévaudan a bénéficié de l’essor de la presse qui, après les guerres, n’avait rien à se mettre sous la dent, explique Florence Metge. Ça a été, pour beaucoup, le premier véritable fait-divers de l’histoire de l’humanité, on en parlait jusqu’en Amérique du Nord. À l’époque de Louis XIV et des attaques de la bête de l’Yveline, la presse était balbutiante. Sans parler de la guerre contre la Hollande et de l’affaire des poisons qui, à l’époque, ont totalement occulté la bête ».
Au-delà de revenir sur cet épisode méconnu du territoire, La bête de l’Yveline soulève des réflexions sur le contexte politique et social de l’époque, tout en offrant un éclairage nouveau sur l’affaire du Gévaudan en fournissant une analyse comparative des deux bêtes. Le tout agrémenté d’un suspens dont elle a le secret. Une aubaine pour les Yvelinoises et Yvelinois mordus de thriller et de récits historiques.