
C’est avec un temps presque estival que la Maison de fer a accueilli la troupe du Conservatoire National d’Art dramatique de Paris, le samedi 21 septembre dernier, pour le coup d’envoi de la saison du théâtre de Poissy. Une première date hors-les-murs pour redécouvrir le classique d’Alexandre Dumas, Les 3 Mousquetaires, dans un format à mi-chemin entre le théâtre et la série. Et qui a affiché complet. « On est allé chercher le public à l’extérieur pour ouvrir cette saison car ce qui est important pour nous, c’est de travailler autour de propositions innovantes et audacieuses ».
Cette saison 2024/2025 est la première à avoir été imaginée par Guilaine Dodane, directrice du théâtre de Poissy depuis un peu plus d’un an. Pour concocter le programme idéal, elle a écumé les établissements culturels de l’Hexagone pour trouver les perles rares. « Je dirais que j’ai passé presque autant de jours dans les théâtres qu’il y a de jours dans l’année, s’amuse-t-elle. Blague à part, je pense que j’ai dû voir 200 spectacles. Je reste toujours saisie par la magie du lever de rideau, par ces moments presque éphémères et qui, en même temps, laissent une empreinte ». Après la découverte vient alors la prise de contact. « Parfois, ce sont les producteurs qui viennent vers nous. Quand les envies et les possibilités sont alignées, c’est génial. C’est un gros travail de réseau, d’échanges et de négociation ».
Guilaine Dodane avait une idée bien précise de ce qu’elle souhaitait proposer sur les planches pisciacaises : une programmation pointue, sans pour autant négliger sur l’ouverture à de nouveaux publics. « Je pense que les deux fonctionnent ensemble. L’idée, c’est de pouvoir proposer ce qui se fait de meilleur dans le spectacle vivant, avec toujours une démarche d’accessibilité. On retrouve à la fois des têtes d’affiches qui sont les points de repère de la saison, et en parallèle, des dates qui sont plus consacrées à la découverte, avec par exemple de jeunes générations d’artistes ». Parmi les têtes connues de cette saison, on notera la venue de Dany Boon pour un seul en scène le 25 janvier, celle d’André Dussolier le 8 février ou encore d’Alain Souchon accompagné de ses fils le 10 janvier.
Bon, nous sommes d’accord, ce ne sont pas ces noms là qui participeront au rajeunissement du public pisciacais. Toutefois, une attention toute particulière a été accordée aux dates dédiées à la jeune génération : la comédie musicale culte « Le Soldat Rose » est d’ores et déjà complète, tandis que « Quitter son caillou », ciné-spectacle participatif et inclassable, et « Akram Khan Company », spectacle de danse à la mise en scène virtuose, risquent d’en mettre plein les yeux. « Je voulais qu’on puisse faire revenir les jeunes générations et leur dire : le théâtre s’adresse à vous, souligne Guilaine Dodane. La séance scolaire d’improvisation au piano avec Jean-Baptiste Doucet avait très bien marché, on a décidé de le refaire dans le cadre de L’Envol Musical, qui est un festival qui cherche à transmettre la musique classique au plus grand nombre ».
Justement, pour sa première saison, Guilaine Dodane avait à cœur de redonner une place prépondérante au classique, qui fait partie de l’histoire du lieu. Avec 9 dates tout au long de l’année – soit un quart de la programmation – et un partenariat noué avec l’Opéra Royal de Versailles, la promesse est tenue. « J’avais ce désir, sur une programmation qui reste éclectique, de pouvoir cultiver cet ADN musique classique qui fait la singularité de ce théâtre, avoue-t-elle. Et il y a une bonne surprise : si on regarde les premières tendances sur les dates classiques de cette saison, on a une fréquentation en hausse ».
Et ce n’est pas tout. Les adhésions au théâtre ont, elles aussi, bondi par rapport aux chiffres de l’année précédente, passant de 1 700 à 2 500. « Ça a explosé, on n’a jamais eu autant d’abonnés, se réjouit la directrice. Je voulais qu’on puisse faire venir le public et lui dire : le théâtre s’adresse à vous. C’est flatteur, ça veut dire qu’il y a un attachement et une confiance qui est grande de leur part. Maintenant, le théâtre doit remplir son rôle : émerveiller, donner envie et émouvoir ».