Ce qu’il faut savoir sur les nouvelles modalités de collecte des déchets

Depuis le mardi 1er octobre dernier, les communes de Grand Paris Seine et Oise connaissent une réorganisation de la collecte des déchets. Nouvelle application, fréquence du ramassage… Tour d’horizon des informations pratiques à connaître, et du chemin parcouru pour arriver à ce nouveau fonctionnement.

« Il n’y a pas un sujet qui touche plus de monde ». Stéphan Champagne ne s’y trompe pas. Le vice-président de Grand Paris Seine et Oise planchait depuis deux années pour repenser les règles de la collecte des déchets, avant cette date fatidique du 1er octobre : voilà un peu plus d’une semaine que cette réorganisation a pris effet dans les 73 communes du territoire.

Revenons un an en arrière. En octobre 2023, la communauté urbaine annonçait l’harmonisation des taux de TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères), autour de 4 taux pour autant de niveaux de services. « C’est le fruit du travail d’un groupe d’élus représentatif des anciens EPCI et des différents syndicats, raconte Stéphan Champagne. On avait 30 taux de TEOM différents. La loi nous imposait d’uniformiser ces taux avant 2027, et nous avions une obligation d’apporter un peu de justice entre les différentes communes ». En effet, alors que certaines communes payaient tout juste 4 % de TEOM, d’autres devaient s’acquitter de 11 %. « Et ce n’est pas forcément celui qui payait le plus qui avait le plus de services, souligne le vice-président délégué à la gestion des déchets. Il fallait remédier à cette injustice ».

Depuis le 1er octobre, le taux va de 6,52 % pour les 9 communes ayant choisi le niveau de service le plus bas, à 7,95 % pour les 20 villes et villages qui se sont tournés vers le niveau le plus élevé. Sur les 73 communes qui composent la communauté urbaine, 14 ont fait le choix de prendre un service supérieur, et 10 ont baissé leur niveau de service. « Certains l’ont fait par conviction environnementale, d’autres non, chacun a son historique ».

Depuis le 1er octobre, le taux va de 6,52 % pour les 9 communes ayant choisi le niveau de service le plus bas, à 7,95 % pour les 20 villes et villages qui se sont tournés vers le niveau le plus élevé. (GPSEO)

D’âpres négociations ont été nécessaires ces 2 dernières années pour arriver à cette nouvelle répartition. « On est passés plusieurs fois en conférence des maires pour aller expliquer notre démarche, se souvient Stéphan Champagne. On est passés devant le conseil communautaire à deux reprises pour un vote d’intention en juin de l’année dernière, et un vote plus définitif il y a un an. Si on arrive à une quasi unanimité là-dessus, c’est que tout le monde a bien compris qu’il fallait faire quelque chose. Je ne dis pas que tout le monde y trouve son compte et que c’est formidable pour chaque maire, mais tout le monde a bien compris qu’on ne pouvait pas laisser les choses en l’état ».

Si le statu quo n’était pas envisageable – au-delà du fait que la loi préconisait une harmonisation avant 2027 – c’est aussi pour des raisons financières. « Le budget déchets était déficitaire de 16 millions d’euros, rappelle la présidente de GPSEO, Cécile Zammit-Popescu. Pour ne pas trop peser sur la fiscalité des foyers, le choix a été fait de continuer à porter 8 millions de déficit de ce budget par le budget général, alors que normalement, le budget déchets doit être financé à 100 % par la recette de la TEOM […]. Avec des niveaux de services tels qu’ils existaient, le taux de TEOM qui permettait d’avoir un équilibre du budget était à 9,36, donc on était au dessus de tout ce qu’on propose aujourd’hui. Les habitants doivent comprendre qu’ils s’acquittaient d’une taxe qui ne correspondait absolument pas au coût du service ».

Pour faire leur choix parmi les différents niveaux de services, les maires des communes du territoire ont parfois laissé la main à leurs administrés avec, entre autres, des sondages et des concertations publiques. « Ça a donné des résultats qui n’étaient peut-être pas ceux qu’ils attendaient, glisse la présidente de GPSEO, Cécile Zammit-Popescu. Mais ils ont respecté les résultats de leur sondage ».

Ces bouleversements de nos habitudes du quotidien peuvent être ardues à appréhender. C’est pour cette raison que la communauté urbaine a, pour l’occasion, lancé une nouvelle application censée faciliter l’accès aux informations liées à la collecte des déchets. Baptisée sobrement « Infos Déchets GPSEO », celle-ci permet de consulter tous les services pour son adresse, de localiser les points de collecte les plus proches, ou encore de consulter son calendrier de collecte. « On change les services pour la quasi totalité des communes, c’est un sujet extrêmement quotidien, reconnaît Stéphan Champagne. Et changer ses habitudes, c’est très compliqué. L’application a pour vocation d’accompagner les administrés dans ce changement ».

La communauté urbaine a, pour l’occasion, lancé une nouvelle application censée faciliter l’accès aux informations liées à la collecte des déchets.

Des notifications permettent même d’être prévenu en temps réel en cas de tournées de rattrapage ou d’intempéries. Toutefois, les habitants ne jurant que par leur calendrier papier peuvent toujours l’imprimer depuis le site de GPSEO.

L’autre atout de cette application, qui a déjà fait ses preuves dans d’autres agglomérations comme Saint-Quentin-en-Yvelines ou Boucles de Seine, c’est la pédagogie. « On peut y trouver des informations, notamment sur ce qu’on fait de vos déchets : qu’est-ce qui se passe une fois que j’ai mis ma poubelle sur le trottoir ? Les gens ne savent pas forcément, et pourtant, c’est là que ça devient intéressant. On a quand même le traitement derrière, des enjeux environnementaux et ­économiques lourds… »

Les enjeux environnementaux, justement, vont motiver bon nombre d’investissements dans les années à venir. Il y en a, d’ailleurs, qui ont déjà commencé, avec l’achat annuel des composteurs dont le coût est pris en charge à 80 % par la communauté urbaine. « Il y a d’autres investissements lourds à venir sur lesquels on va devoir se projeter, dont le développement des points d’apports volontaires pour les communes qui le souhaiteront, notamment dans les centre-villes où ça existe déjà, qui créeront à terme des économies de fonctionnement », anticipe Cécile Zammit-Popescu.

La modernisation des déchetteries est, dans la même mesure, un investissement régulier qui tend à inciter les habitants à privilégier l’apport volontaire au porte-à-porte. Celle d’Orgeval est la petite dernière à bénéficier de ce lifting, après Aubergenville et Limay plus récemment, qui lui permettra de se doter, entre autres, d’un accès automatique par lecture des plaques minéralogiques, d’une meilleure sécurisation et de permettre des dépôts plus fluides. Avant celle de Conflans-Sainte-Honorine ­l’année prochaine.