
Méricourt, un point d’entrée vers l’Europe ? L’expression n’est absolument pas galvaudée. Depuis les années 60, les écluses présentes sur la Seine au niveau de la Grande Rue surplombent la charmante petite bourgade yvelinoises. Les affres du temps opérant, le terreplein central séparant les deux voies a fini par se recouvrir de craquelures et menaçait de « s’effondrer » de l’aveu même de Cécile Avezard, la directrice générale des Voies Navigables de France (VNF). Des travaux de modernisation devaient donc être conduits, toutefois, une problématique demeurait. Comme elles accueillent en moyenne 260 bateaux par semaine – transportant en tout plus de 7,5 millions de tonnes de marchandises en 2023 – les écluses ne pouvaient pas être fermées durant le temps de chantier. Il a donc fallu faire une voie par une voie.
C’est la numéro 1 qui a nécessité le plus d’attention. En effet, d’une longueur totale de 165 m, elle a dû être rallongée d’une vingtaine de mètres, en plus des rénovations pour garantir sa fiabilité. Quatre ans après le début des opérations, voici donc les deux passages désormais aussi longs l’un que l’autre. Une distance qui permet donc à des porte-conteneurs de 5 000 T – les plus gros qui peuvent circuler sur le territoire Seine-Aval – d’emprunter cet axe de la Seine. « Cela permet à la France de devenir plus compétitive au niveau des voies fluviales alors que le pays base son développement économique par la route » scande Cécile Avezard.

Il n’y a pas que le chantier qui a été titanesque, les chiffres donnent également le tournis. Les travaux de rénovation et d’allongement ont représenté un investissement global de plus de 92 millions d’Euros, cofinancés par l’Etat (42 millions d’euros), l’Union Européenne (34,5 millions d’euros) et la Région (15,4 millions d’Euros), le reste à charge étant pour VNF. « À l’instant T, il n’y a pas d’effet d’augmentation sur le trafic direct, par contre si on a un accroissement, on pourra faire passer des 185m des deux côtés » explique Stéphanie Peigney-Couderc, directrice territoriale adjointe pour le bassin de la Seine chez Voies Navigables de France. Ce qui pourrait devenir le cas dans un horizon à long terme.
En effet, comme le rappelle Pawel Wojciechowski, coordinateur du corridor de transports européen Mer du Nord-Rhin-Méditerranée de la commission européenne, « grâce à la liaison Seine-Escaut nous allons créer 1 100 km de voies navigables entre le Havre et les Pays-Bas et également une collaboration économique transfrontalières plus vertueuse. » Car selon la myriade d’officiels présents durant l’inauguration des écluses le 11 octobre, le transport fluvial représente une véritable alternative décarbonée. Par exemple, rien qu’à Méricourt, c’est l’équivalent de 375 000 camions qui ont été évités sur les routes et sur l’ensemble de l’axe Le Havre-Paris, plus de 650 000 poids lourds de plus de 20 tonnes.