L’idée est simple : ramasser les feuilles d’arbres tombées au sol, et les transformer en matière première pour l’industrie du papier et de l’emballage. Voilà le projet qui anime Valentyn Frechka, jeune entrepreneur ukrainien de 23 ans, depuis ses années lycée. Un projet concrétisé aux Mureaux, au mois de novembre de cette année, avec l’inauguration de la toute première usine de production de Releaf Paper dans la zone d’activité de la Haye.
« Le gros intérêt, c’est qu’on utilise un déchet urbain qui est sous-exploité, souligne Bertrand Chevalier, directeur des opérations de l’usine muriautine. Aujourd’hui, il est soit brûlé, soit transformé en compost. On peut faire beaucoup mieux avec ce déchet, on peut en faire une matière première qui peut être intégrée dans différentes industries, notamment l’industrie papetière ».
Mais comment passe-t-on d’une feuille morte à du papier, que cela soit des sacs, des cahiers ou des emballages ? Il faut déjà les ramasser, et pour ce faire, Releaf Paper travaille avec la société INOE, à quelques kilomètres de là, ou encore avec Val Services et même la Ville des Mureaux qui leur livre des feuilles sur site. Elles sont ensuite triées, lavées, pré-découpées, séchées puis broyées sous différentes formes dans l’immense hangar situé rue de la Haye, selon les besoins du papetier. « Dans le processus de fabrication, on sort notre produit final en pellets, nous explique Bertrand Chevalier. C’est cette matière première qui est ensuite utilisée pour faire différents types de produits, comme du papier d’écriture, emballages cartons, sacs, enveloppes… »
Si elle vient tout juste de lancer sa production, la jeune société a déjà convaincu plusieurs clients de renom de lui faire confiance depuis sa création en 2021. Parmi elles, L’Oréal, BNP Paribas ou même Uber Eats, qui livre déjà quelques repas en Île-de-France avec des sacs siglés Releaf Paper. « On part d’un déchet vert que l’on transforme, donc l’impact écologique est réduit, et le bilan carbone est très bas. On peut donc aider toute entreprise, ou toute administration, à réduire son impact carbone ». C’est le cas du géant de la livraison de repas, qui a entamé sa mue pour devenir une plateforme zéro émission.
Si Releaf Paper a choisi Les Mureaux pour son usine pilote, ce n’est pas uniquement pour la proximité avec INOE, et la possibilité de ramasser de grandes quantités de feuilles dans un rayon de 30 kilomètres. C’est aussi un choix tourné vers le futur. « L’un des critères était aussi de ne pas être loin de Carrières-sous-Poissy, car c’est un des lieux potentiels où on installera un centre de stockage, l’année prochaine », nous glisse Valentyn Frechka. À court terme, l’objectif de la société est de transformer 10 000 tonnes de feuilles sur sa première année. Avant de lancer, un jour, des usines aux quatre coins du pays.
Agir contre la déforestation
Vous voyez les sacs en papier que vous prenez en faisant vos courses, ou en prenant un repas à emporter ? Ils sont composés à 70 % de papier recyclé, et à 30 % de fibre de cellulose qui vient du bois coupé. C’est justement ces mêmes fibres de cellulose qui sont extraites des feuilles mortes. De quoi apporter une réponse au problème mondial de la déforestation.