Mickaëlle Paty attaque la Ville en justice, le maire se défend

Mickaëlle Paty, sœur du professeur d’histoire-géographie sauvagement assassiné en 2020, a annoncé le 16 janvier attaquer en justice la Ville de Conflans-Sainte-Honorine. Selon elle, tout n’a pas été fait pour protéger son frère, ce que le maire de la commune, Laurent Brosse (DVD), dément fortement.

En avril 2022, les parents et les sœurs de Samuel Paty avaient déposé une plainte contre l’État pour « non-assistance à personne en péril et non-empêchement de crime », les proches de l’enseignant assassiné estimant que ce dernier n’avait pas été suffisamment protégé. Ils pointaient également la responsabilité des ministères de l’Intérieur et de l’Éducation. Le 6 janvier, Carine Chaix, l’avocate de Mickaëlle Paty, a fait savoir par l’intermédiaire du journal Marianne, qu’elle allait déposer un recours administratif contre la Ville de Conflans-Sainte-Honorine pour « avoir manqué à ses obligations légales de sécurité sur son territoire ».

Alors que le procès des huit adultes impliqués dans l’assassinat du professeur s’est terminé il y a environ un mois, l’autrice du livre Le cours de Monsieur Paty (en collaboration avec Élodie Frèche) aurait aperçu dans cette audience les dysfonctionnements de la municipalité, dysfonctionnements qui l’ont donc poussée à déposer plainte. Sur X (anciennement Twitter), Maître Chaix avance que « les manquements auraient facilité la perpétuation de l’assassinat terroriste contre Samuel Paty ». Elle ajoute par ailleurs : « Si la Mairie reconnaît sa responsabilité, on s’arrête là. Sinon, nous saisirons le tribunal administratif de Nice, domicile de la requérante. » Ce qui pourrait donc bien se passer.

En effet, Laurent Brosse, maire DVD de Conflans-Sainte-Honorine, s’est défendu dans un communiqué transmis à plusieurs rédactions, dont la nôtre. Si l’édile exprime « sa profonde émotion et sa compassion envers la famille de Samuel Paty », il n’en reste pas moins abasourdi devant de telles accusations. « Dès que la polémique autour de Samuel Paty a été portée à ma connaissance le 9 octobre 2020, j’ai immédiatement pris l’initiative de signaler les éléments dont j’avais pris connaissance […] aux renseignements territoriaux, afin qu’ils puissent évaluer les risques et prendre les mesures adaptées à la situation » se défend-il.

De plus, le maire conflanais a rappelé que la police municipale a continué d’effectuer ses rondes aux abords des établissements – « comme elle l’a toujours fait » – et qu’aucune demande formelle ou informelle ne lui a été adressée concernant une escorte du professeur d’histoire-géographie pour son trajet domicile-­collège.

Laurent Brosse, avocat de profession, s’interroge donc sur les affirmations relayées par sa consœur qui « semblent reposer sur des informations inexactes, et qui méconnaissent manifestement les prérogatives réelles d’une police municipale. »

Toujours dans son communiqué, l’élu comprend parfaitement la douleur de Mickaëlle Paty, peine qui est partagée par « l’ensemble des habitants de Conflans-Sainte-Honorine » et surtout refuse d’être pointé du doigt pour endosser « des responsabilités liées à un assassinat terroriste qu’aucun Maire, avec les prérogatives qui sont les siennes n’aurait été en ­mesure d’empêcher ».