« Une décision inacceptable » : levée de boucliers contre le projet de camp pour mineurs isolés

Le maire, Benoît de Laurens, s’oppose fermement à la construction d’un camp pour une centaine de mineurs isolés sur la zone du Mitan. Un projet surprise entrepris par le Département des Yvelines sans l’accord, ni discussions avec la Ville.

« C’est fou, c’est délirant, c’est impossible que ces jeunes mineurs isolés puissent venir s’installer à Chapet », s’alarme Benoit de Laurens, maire (sans étiquette) de Chapet. Sur le lieu-dit « Le Mitan », situé à l’est de la commune, le Département, propriétaire de parcelles destinées auparavant à un programme immobilier d’une centaine de logements, a bloqué cette opération et lancé l’étude d’implantation d’un camp de 25 bungalows pour un total de 350 m² de locaux communs pour une centaine de mineurs isolés. Une « décision inacceptable » pour le maire de la ville, qui dénonce un projet imposé « avec brutalité, sans aucune concertation, discussion ou présentation », et « totalement contre-productif ».

Le Département doit exercer sa compétence d’accueil des mineurs isolés et doit alors trouver des solutions pour les accueillir. Il prévoit donc de bâtir dans les mois à venir une dizaine d’îlots de bungalows ainsi qu’un terrain de sport afin d’accueillir les mineurs, les éducateurs et le personnel nécessaire au fonctionnement du site, le tout clôturé. Cela, le maire de la Ville le conçoit, mais il fustige le Département sur la « manière brutale et inacceptable » d’avoir annoncé le projet.

Sur le fond, Benoit de Laurens s’indigne aussi de l’imposition d’un tel espace à une si petite commune : « Comment croire que 100 jeunes, qui seront totalement isolés, éloignés de toute zone urbaine, sans transport en commun, vont se contenter de jouer au basket et de prendre des cours de français ? ». Avec seulement deux agents aux services techniques et sans police municipale, la commune de Chapet explique ne pas être capable de gérer les conséquences d’une telle augmentation brutale de sa population. « Nous avons 1 350 habitants. Comment voulez-vous que je sois en capacité d’assimiler ces 100 jeunes ? C’est quasiment l’équivalent de 10 % de ma population », s’insurge Benoit de Laurens.

Aussi, le maire de la ville se désole d’une « cohabitation impossible » entre ces jeunes mineurs isolés et la communauté de gens du voyage totalement sédentarisée (dite de la plaine de Vernouillet), située à environ 300 mètres du terrain. « Comment croire que cela ne va pas poser des problèmes de sécurité insurmontables ? », s’exclame le maire de Chapet.

Une réunion publique organisée pour « mobiliser » ses habitants s’est déroulée le mardi 14 janvier. Une réunion « dense », selon Benoit de Laurens, qui relève de « nombreuses peurs et angoisses pour l’entièreté des habitants » présents ce soir-là. Les pétitions officielles de la commune, écrites et en ligne, accumulent plus de 2 500 signatures à l’heure où nous écrivons ces lignes. La municipalité n’a actuellement aucun retour sur le courrier d’opposition envoyé à la préfecture des Yvelines et au Président du Département. Contactée, l’instance présidée par Pierre Bédier n’a pas répondu dans le délai imparti à la ­publication.