
« Tout est parti d’un déjeuner ». C’est autour d’une table, fin mai 2024, que la Maire Sandrine Berno dos Santos, accompagnée de Lydie Grimaud, adjointe au maire déléguée au commerce et de Frédéric Charpentier, directeur de la Société d’Économie Mixte d’Aménagement de Poissy, ont commencé à discuter de l’état général des commerces de leur ville. « Nous avons décidé d’entreprendre une grande concertation pour améliorer l‘attractivité commerciale du centre-ville », confie l’édile.
Un mois plus tard, la première phase du projet des États généraux des commerces démarrait par la distribution d’un questionnaire à destination de tous les commerçants du centre-ville. « Le but était qu’ils puissent faire part de leurs attentes, de leurs remarques, des éléments qu’ils trouvaient positifs ou de ceux qu’ils ont à améliorer », précise Lydie Grimaud.
Céline Boukobza, présidente de l’Union des Commerçants et des Artisans de Poissy (UCAP), a pleinement participé au projet. « Nous avons souhaité associer le plus de commerçants possible à cette démarche concrète et de permettre à tous ceux qui le souhaitaient de s’exprimer en toute liberté sur les problématiques rencontrées en centre-ville ».
Pierre Cœur-Joly, propriétaire de la Maison Coeurjoly, charcuterie-traiteur installée rue du Général de Gaulle a souhaité rejoindre cette démarche bien que non adhérent à l’UCAP. « On a simplement dit qu’il y avait trop de marchands de lunettes, d’appareils auditifs et de magasins de beignets. Pour rendre attractif le centre-ville, il faut de beaux et nouveaux commerces ».
Des ateliers pour accompagner les commerçants
Pour Guillaume Cailleau, propriétaire du Pub-Brasserie La Cabane, adhérent à l’UCAP, également situé rue du Général de Gaulle, « cette consultation est une bonne initiative ». Personnellement en discussion avec la Ville pour piétonniser la rue et la rendre plus sécuritaire depuis quelques mois, ce questionnaire lui a permis de réitérer sa demande avec force.
Déterminée à préserver et renforcer l’attractivité de la cité Saint-Louis et de ses enseignes, la municipalité a donné le coup d’envoi officiel des États généraux le mercredi 16 octobre dernier au Théâtre de Poissy. Une centaine de commerçants ont participé au lancement, en présence notamment de la maire et de Jean-Jacques Nicot, adjoint délégué à l’événementiel, à l’animation de la commune et au tourisme.

L’occasion pour les commerçants présents de suivre l’intervention de David Lestoux, fondateur de l’agence de prospective sur le commerce de demain « LA ». À l’issue de cette présentation, battant en brèche de nombreuses idées reçues et ponctuée de pistes de réflexion, d’exemples de réussites, ainsi que d’un sondage en direct, les commerçants ont été invités à s’inscrire à différents ateliers thématiques liés à la promotion commerciale (transformation digitale, communication…) à la dimension servicielle (développement d’offres complémentaires à l’activité) et à l’expérience centre-ville (mobilités, urbanisme…).
Premières actions annoncées
« Ces ateliers avaient pour objectifs d’engager une réflexion collective et de dégager des pistes de réflexion opérationnelles à court, moyen et long terme » explique Lydie Grimaud. Guillaume Cailleau, présent à l’atelier « Expérience centre-ville », témoigne : « Nous étions une trentaine, et les discussions ont été intéressantes, même si parfois un peu longues. Il y avait de bonnes idées concernant les mobilités et l’accessibilité, mais aussi des échanges qui tournaient un peu en rond. C’était tout de même bénéfique ».
Il insiste sur l’importance de ce type d’initiative : « Ce n’est pas si souvent que nous, commerçants, avons l’occasion de nous faire entendre et de travailler ensemble sur l’avenir du centre-ville. Si les discussions aboutissent à des projets concrets, cela peut vraiment changer les choses ».
Des ateliers « nécessaires pour continuer à préserver un commerce physique de centre-ville dynamique », assure la présidente de l’association des commerçants.
Les États généraux du commerce en centre-ville ont alors rendu leurs conclusions le mercredi 22 janvier dernier au Forum Armand-Peugeot. La maire Sandrine Berno Dos Santos et Lydie Grimaud ont présenté les quatre premières actions pour « le commerce de demain ».
Ainsi, dès le mois de février, 30 minutes de stationnement gratuit seront offertes aux chalands. « Cette initiative a un coût considérable pour la Ville (300 000 euros, Ndlr) mais nous réalisons cet effort pour satisfaire cette demande exprimée par de très nombreux commerçants », se félicite Lydie Grimaud. Les Pisciacais pourront alors « venir simplement acheter leur baguette de pain ou leur brique de lait sans payer, c’est avantageux pour tout le monde », ajoute-t-elle.
Pour les commerçants, ce n’est qu’une première étape. Le propriétaire de la Cabane remercie la municipalité pour cet effort de stationnement demandé depuis des années. « C’est gentil », s’émeut ironiquement Guillaume Cailleau. Pierre Cœur-Joly, lui, n’est pas « totalement convaincu » par la gratuité de stationnement. Il salue néanmoins l’initiative mais prévient : « si la ville est morte, sans activités ni animations, même la journée gratuite de stationnement ne changera rien. »
La municipalité annonce également la mise en place d’un Office du Commerce. Cette nouvelle structure sera dirigée par un(e) directeur(trice) du développement économique et du commerce, chargé(e) d’organiser et de promouvoir la vie commerçante locale. Il ne s’agit pas d’une promotion commerciale spécifique, « mais bien d’un travail sur l’animation et l’attractivité du commerce de proximité », souligne Lydie Grimaud. Un community manager sera également recruté pour assurer la communication, l’animation et la promotion des initiatives commerciales et événementielles en collaboration avec les commerçants.
Par ailleurs, l’animation du centre-ville sera renforcée et des aménagements urbains proposés. « L’objectif est d’inciter les habitants et visiteurs à fréquenter les commerces en proposant des animations conviviales et festives », poursuit-elle.
La création de l’Office du Commerce donne aussi « une force supplémentaire pour les commerçants », assure Céline Boukobza. « Nous sommes une association composée de bénévoles. Ce guichet permettra d’accompagner et d’aider tous les commerçants dans leurs projets. »
D’autres initiatives sont en réflexion, comme l’installation d’éléments urbains décoratifs (habillages thématiques, jeux au sol, mobiliers ludiques…). Ce projet, en cours de développement, intégrera progressivement les commerçants dans les animations à venir.
Les États généraux de la Ville de Poissy ont suscité une forte mobilisation des commerçants, avec « un engagement réel et une prise de conscience des enjeux », explique Lydie Grimaud. Plus qu’un simple échange, « il s’agit d’un véritable contrat entre la Ville et ses commerçants », ajoute-t-elle.
« Maintenant, il faut que ça bouge »
Les commerçants attendent désormais des réalisations visibles. « C’est comme un enfant à Noël, on lui promet des cadeaux, mais il sera encore plus heureux lorsqu’ils seront sous ses yeux », illustre Céline Boukobza. Au-delà des mesures annoncées, ce projet a renforcé le lien entre les acteurs économiques locaux. « Il y avait déjà une belle dynamique avec l’UCAP, mais les États généraux ont créé une effervescence supplémentaire », explique la présidente de l’association.
Beaucoup souhaitent désormais s’impliquer davantage dans la vie commune des commerçants. « Bon nombre d’entre eux sont venus nous voir en disant qu’ils voulaient faire partie de l’association. Cette initiative nous fédère encore plus, c’est super » poursuit-t-elle.
L’accueil des commerçants, lui, a été largement positif. « Tout le monde s’est senti écouté, c’est appréciable, mais maintenant, il faut que ça bouge », exprime Guillaume Cailleau. Un avis partagé par Pierre Cœur-Joly. « C’est une bonne initiative, même si nous n’avons pas attendu la Ville pour agir. C’est agréable de se sentir entendus, maintenant il faut des actions concrètes ».