La Maison des Lauris, une expérimentation pour accompagner la double vulnérabilité

Depuis septembre 2024, la Maison des Lauris a ouvert ses portes. Elle accueille des enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance ayant des troubles du spectre autistique. Un dispositif unique sur le territoire, devant répondre à la problématique de la double vulnérabilité.

Christine Vautrin

Les Maisons d’enfants à caractère social (MECS) ne sont pas nouvelles. Elles sont spécialisées dans l’accueil de mineurs en difficulté qui peuvent séjourner soit en internat complet, soit en foyer ouvert où ils sont scolarisés ou reçoivent une formation professionnelle à l’extérieur. Toutefois, celle de Morainvilliers, baptisée Maison des Lauris, sort de l’ordinaire. « C’est la seule qui accompagne la double vulnérabilité, explique Véronique Delanghe, directrice de l’APAJH (Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés) Yvelines. C’est-à-dire des enfants pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et en situation de handicap ». Car depuis 2022, une orientation prioritaire de l’Etat préconise de s’occuper de cette problématique.

D’après le Département, la moitié des mineurs de l’ASE souffriraient de troubles psychiques, soit cinq fois plus que les jeunes de la population générale, et 500 enfants protégés sont en situation de handicap. Toutefois, seuls 50 % ont accès à une prise en charge adaptée. « L’ARS (Agence Régionale de Santé) et l’ASE sont venus nous demander de proposer un projet permettant de mettre en œuvre une MECS pour des enfants avec troubles du spectre autistique » se remémore Véronique Delanghe.

L’association qu’elle dirige propose un projet, qui, se trouvera à Sartrouville. « Nous gérons un IME (Institut médicoéducatif) sur cette commune et nous avions déjà acheté un terrain à côté au cas où, il y a quelques années » détaille la directrice. La proximité entre les deux établissements est indispensable car ce type de public supporte difficilement de longues distances.

Dans l’attente de la construction, il a fallu trouver une solution de repli : « Plus vous tardez dans l’accompagnement et plus vous avez une perte de chance vers l’autonomie car le cerveau devient moins plastique. » En effet, les jeunes occupant la Maison des Lauris sont âgés entre 5 et 11 ans. L’APAJH Yvelines a trouvé les deux habitations durant l’été 2024, situées à Morainvilliers dans un environnement très calme. « Ils ont un jardin en commun et grâce à ces deux logements, nous avons pu mettre les plus jeunes d’un côté et les « moins jeunes » de l’autres » détaille Véronique Delanghe.

Par ailleurs, tout est fait pour avoir le plus d’intimité possible. Chaque enfant dispose d’une chambre individuelle, il y a également deux salles de bains par maison. « C’est une vie très familiale, avec des activités tous les jours » ajoute la directrice. Les progrès sont déjà visibles. Alors qu’en septembre ils étaient incapables de manger ensemble, désormais tout se passe correctement. Et pour l’IME, deux autres maisons situées à Orgeval sont également louées par l’association, à dix minutes de distance en voiture.

Dans l’attente de la construction de la MECS de Sartrouville – qui devrait se terminer dans deux ans – cette solution est donc complètement idoine. Consciente que douze places sont peu, Véronique Delanghe espère toutefois ouvrir une autre Maison pour d’autres enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance et porteurs de handicap. « Ils sont déjà ciblés » assure-t-elle.