La Ville reconnue coupable de la mort d’une jeune fille de 6 ans

En octobre 2020, Olivia, une enfant de 6 ans, trouvait la mort, écrasée par un mur d’un gymnase. Le 7 février, le tribunal de Versailles a condamné la municipalité de Poissy à 150 000 euros pour homicide et blessures involontaires.

À l’époque, la commune de Poissy avait été profondément marquée. Le 22 octobre 2020, une cloison du gymnase Caglione s’effondre alors que plusieurs enfants – 27, encadrés par trois éducateurs – sont en train d’effectuer un stage de judo. Deux sont blessés dont un grièvement. Tout d’abord Hugo, 6 ans, a plusieurs fractures à sa jambe, sans pour autant que son pronostic vital ne soit engagé. En revanche, pour Olivia, sa camarade du même âge, il est déjà trop tard. La petite fille est transportée à l’hôpital pour enfant de Necker mais les examens révèlent qu’elle est en état de mort cérébrale. Il faut attendre deux jours pour que cette enfant qui avait toute la vie devant elle expire son dernier souffle…

Les parents portent plainte contre la Ville de Poissy et l’enquête commence. Comme le rapporte le Parisien, celle-ci pointe plusieurs négligences dès l’édification de ce mur survenue en 1992. En cause, l’absence de fixation au niveau du sol ou des murs latéraux avec, de surcroît, l’expertise pointant du doigt « un équilibre précaire de l’ouvrage dont la conception ne pouvait mener qu’à son effondrement ». Un mystère plane en plus : qui a réalisé ces travaux ? Dans les archives de la commune, aucun document sur une éventuelle demande et/ou autorisation n’a pu être trouvée, la faute à une numérisation pas encore effective à ce moment-là. Seul « indice », une facture pour 132 carreaux de plâtre.

Deux édiles pisciacais ont dû être interrogés à la barre le 7 février, date du jugement au tribunal correctionnel de Versailles. Karl Olive ouvre le bal. Il indique « ne jamais avoir été alerté sur la dangerosité » du mur en question car une commission de sécurité datant de 2017 n’avait rien fait remonter. Toutefois, il assume ses responsabilités dans « ce drame épouvantable ». Le quotidien d’informations régionales précise que le député renaissance de la 12ème circonscription des Yvelines avait tout de suite diligenté un audit sur la totalité des établissements recevant du public (178) au sein de la cité Saint-Louis.

Quant à Sandrine Berno dos Santos, la juge lui a un peu volé dans les plumes. Lorsque l’édile clame que « 300 interventions ont eu lieu sur ce gymnase en dix ans », la magistrate lui a balancé de but en blanc : « Et personne n’a rien vu ? Là, c’est une question de compétences ! » Par ailleurs, avant les délibérations, la maire est revenue à la barre pour s’adresser à la mère d’Olivia. « Je suis moi-même mère de famille et je ne peux imaginer la douleur ressentie quand on perd un enfant. Au nom de la Ville de Poissy, je veux m’excuser une nouvelle fois et vous assurer que nous ferons tout ce que nous pourrons pour que cela ne se reproduise jamais » relate le Parisien, avant que les deux femmes ne s’enlacent. La cour a donc jugé la Ville coupable et surtout, est allée plus loin que les 50 000 euros d’indemnités requis par le ministère public. C’est 150 000 euros que la municipalité devra payer à la famille d’Olivia. Sandrine Dos Santos ne prévoit pas de faire appel.