
La ville des Mureaux se transforme depuis une bonne vingtaine d’années. Cela avait commencé avec la livraison de l’éco-quartier Molière en 2014. Depuis, cette zone comprenant 15 000 Muriautines et Muriautins (soit un quart de la population totale de la commune) a enchaîné les certifications, passant du niveau 1 à 4 avec le label « Écoquartier vécu et confirmé ». Désormais un autre programme de renouvellement urbain s’attaque à l’entrée de ville sud, le quartier des Musiciens. Celui-ci a été construit dans les années 1970, il compte 920 logements sociaux, tous propriété du bailleur social Les Résidences Yvelines Essonne (LREY), qui regroupent environ 2 500 habitants, soit 7 % de la population municipale.
« On a construit les Musiciens sans se soucier de ce qu’il y avait autour, se remémore François Garay qui ne désire pas refaire l’Histoire. On ne s’est pas préoccupé de ce qu’il y avait entre ce quartier et l’autoroute alors que c’est la zone la plus proche. ». En 2021, le plan de rénovation urbaine prévoyait l’ouverture de ce quartier sur le parc du Sautour ainsi que la création d’un pôle de la solidarité et de la citoyenneté sur l’école élémentaire Brossolette pour un coût total de 107 millions d’euros dont 45,5 millions financés par l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Les chiffres actualisés donnent état de 140 millions d’euros désormais.

De nouveaux équipements doivent sortir de terre comme la halle Brossolette, se trouvant en lieu et place de l’ancien gymnase du même nom, détruit en 2022. Elle sera composée d’un espace de work-out, de fitness et il y aura 1 056 m² disponibles pour les écoles et les associations. Toujours dans cette thématique sportive, des terrains de sport seront aménagés au Ru Plat, ceux actuels étant en trop mauvais état. Ils seront dans un premier temps déplacés afin de créer la rue du bord du parc, puis les amateurs de football, de basket-ball et de street work-out pourront en profiter. La Ville a aussi prévu des jardins familiaux.
La cité scolaire abandonnée faute de financement
Il existe quelques changements notables par rapport à la présentation faite en 2022. « L’idée était de construire une cité scolaire, à l’image de celle de Chanteloup-les-Vignes, raconte François Garay. Mais le Département s’est désengagé » glisse-t-il dans un soupir. Par ailleurs, de vastes opérations sur les tours sont au programme. Commençons par les trois tours Debussy. D’après le calendrier prévisionnel, leur destruction interviendrait courant 2029. « Pour le moment, nous sommes à 50 % de relogement, explique un responsable de LRYE, on a demandé les souhaits de chacun et dès qu’il y a des logements disponibles, on propose les visites ». Quant aux autres, elles doivent être rénovées. Le premier chantier de la tour Rouget de Lisle a déjà commencé en 2023. Sauf que les travaux effectués font l’unanimité contre eux de la part des locataires. « Vu les travaux, même pas vous rentrez chez moi » lance une Muriautine lors de la réunion publique du 12 février dernier.
En effet, même si toutes les opérations doivent se terminer cette année, des malfaçons apparaissent déjà. Tout d’abord, les balcons posent problème. « Il y a un jour sur le côté qui peut être dangereux pour les tout-petits, se plaint une locataire, alors que les beaux jours arrivent bientôt. » D’autres rapportent des volets déjà défectueux, des meubles tombant par terre et des robinetteries qui lâchent. « J’ai l’impression qu’ils ont fait ça au rabais » soupire une des personnes présente à la réunion publique. Pourtant, d’après les chiffres fournis, chaque appartement bénéficierait de 80 000 euros de rénovation.
Quelques choix restent discutables comme mettre un pare-douche non-amovible – « je suis obligé de rentrer dans ma baignoire pour la nettoyer » – cette même baignoire étant en plastique. « Des rattrapages vont être faits » assure les Résidences Yvelines Essonne, qui insiste pour que ces problèmes soient remontés aux Resid’Managers : « Cela nous permet d’avoir un suivi pour noter les prestataires. » Mais ce qui inquiète le plus les résidents du quartier des Musiciens est la présence d’amiante.
« Dans les années 90, on nous a dit que tous les bâtiments étaient désamiantés, narre un locataire de la tour Rouget de Lisle, et finalement là j’ai de l’amiante dans mes canalisations et mes gaines techniques. » « On voudrait juste qu’on nous explique, est-ce que c’est dangereux ou non » renchérit un autre. Sauf que lorsqu’ils posent ces questions au bailleur, ces Muriautins et Muriautines se heurtent à un mur, et « ça nous inquiète ».
Les locataires craignent la présence d’amiante
Plusieurs résidents ont noté que les parties communes de l’immeuble en désamiantage étaient mal bâchées. Et alors que des rapports ont certifié la présence de l’isolant responsable de cancer dans les peintures et dans les toits des appartements, des trous ont quand même été percés. « Je me souviens que les ouvriers avaient des tenues de protection mais mon fils et moi n’étions pas protégés » déplore cette mère de famille. Alors, pour se protéger, certains passent par les voies légales : « J’ai envoyé les photos des trous par lettre recommandée à destination de la Mairie. »

« Tout le monde est paniqué » résume l’un, « je n’arrive plus à dormir » explique une autre. À cela s’ajoute la présence de cafards. « Les caves ont été condamnées et maintenant ils se baladent dans les gaines » explique un Muriautin. « On se sent lésés, on est à l’entrée de l’autoroute A13 et on ne veut pas donner une impression de ghetto » se lamente une personne présente au conseil syndical. Avant que les rénovations de secteurs Bizet et des bâtiments de l’îlot Chopin ne débutent, tous ces résidents alertent donc LRYE et souhaitent obtenir des réponses. De son côté, le bailleur social assure que des réunions de quartier vont être prévues pour parler du programme des travaux : « Quelques ajustements sont possibles et il y aura un vote après. » Ce qui n’est pas forcément du goût de tout le monde : « on aurait préféré qu’on nous demande nos besoins ». Malgré cette colère ambiante, tous s’accordent pour dire que la rénovation du quartier des Musiciens reste nécessaire et que leurs logements sont fonctionnels.
« On ne part pas au doigt mouillé » tempère ainsi François Garay qui reconnaît que dans toutes les constructions évoquées, la question des commerces est pour le moment absente. Pourtant, l’édile sait qu’elle sera soulevée prochainement afin de rendre cette zone encore plus vivante.