
Le maire de Vernouillet, Pascal Collado, l’affirme : la plateforme de valorisation de biomasse de la société INOE quittera sa commune « dans deux ans au plus tard ». C’est en effet à la fin de l’année 2026 que prend fin le bail qui lie la société à l’ancienne friche industrielle d’Eternit, située à cheval sur les communes de Vernouillet et de Triel-sur-Seine.
Un déménagement qui, s’il a bien lieu, mettrait fin à un conflit qui dure entre INOE et des riverains, excédés par les nuisances olfactives provoquées par son activité, au point de se réunir en un collectif baptisé Respire 78. En effet, la société transforme les déchets d’élagage et le bois de récupération en copeaux, faisant ainsi voler des particules de bois dans l’air. « On a de plus en plus de témoignages de personnes qui ont des symptômes respiratoires, de l’asthme, des conjonctivites… Il y a même des parents qui ne veulent plus laisser jouer leurs enfants dans le jardin », alerte Luc, lui-même membre du collectif.
Leurs alertes répétées ont mené à une mise en demeure d’INOE en janvier 2024 par la Préfecture des Yvelines. Une étude de l’air a ensuite été menée en mars et en août de l’année dernière. « Différents capteurs ont été posés à proximité du site et dans la ville, et les résultats ont conclu qu’il n’y avait pas de risque », assure le maire de Vernouillet Pascal Collado. Pas de quoi rassurer les membres de Respire 78, qui mettent en cause une étude à la « méthodologie contestable ». « À ce moment-là, la plateforme a été quasiment vidée de ses stocks de matière première, il n’y avait plus rien, assure Luc. C’est vrai qu’en été c’est une période creuse, mais quand même, on s’est dit que les résultats de l’étude ne risquaient pas d’être fiables. Le simple fait qu’INOE la supervise n’est pas correct ».
En septembre dernier, plusieurs membres du collectif ont porté plainte à titre individuel. Depuis, les habitants concernés par les nuisances prennent leur mal en patience. S’ils n’ont aucun retour de la Justice à l’heure où nous écrivons ces lignes, c’est le déménagement de la plateforme qui pourrait mettre un point final au conflit : un transfert des activités d’INOE vers Carrières-sous-Poissy serait en effet à l’étude. « Je peux me féliciter qu’il y ait un projet de déménagement, mais que cela soit à Carrières-sous-Poissy ou ailleurs, c’est un projet porté par l’EPAMSA, déclare Pascal Collado. Je ne sais pas dans quel cadre ont eu lieu les échanges. Je peux juste dire que c’est un projet vertueux au départ, et qui doit trouver une implantation dans les règles de l’art, conformément à la réglementation ».
Si Pascal Collado assure ne pas vouloir « envoyer la patate chaude » à un de ses voisins, la perspective de voir arriver la plateforme de valorisation de biomasse sur sa commune n’est pas vraiment du goût de son homologue carriérois, Eddie Aït. « À ce jour, aucun projet d’implantation de la société INOE n’a été présenté à la Ville, et il n’est pas concevable d’apprendre l’installation d’un projet industriel, comme un fait accompli, par voie de presse, a déclaré ce dernier sur ses réseaux sociaux, faisant référence à un article du Parisien. Un tel projet industriel n’est pas à l’ordre du jour de l’agenda municipal à Carrières-sous-Poissy ».
La Ville a fait savoir son opposition et ajouté que « la mise aux normes du site de Vernouillet ne peut plus attendre ». « Il en va du respect des riverains impactés par son activité, ajoute Eddie Aït. Les témoignages qui nous parviennent de Vernouillet et de Triel-sur-Seine nous invitent à la plus grande vigilance et à placer haut nos exigences en matière de santé environnementale ».
Contactée, la société INOE n’a pas répondu dans le temps imparti à la publication de cet article.