« Pas là pour jouer avec la santé des gens » : le directeur d’INOE se défend

Éric Walmé, fondateur de la société de traitement de biomasse, répond aux accusations des riverains qui dénoncent des nuisances dans le secteur de la plateforme, pouvant être à l’origine de pathologies respiratoires. Tout en dressant les contours de sa future installation carriéroise, qui devrait sortir de terre l’année prochaine.

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« Je veux bien entendre beaucoup de choses, mais pas que je suis un pollueur et que je ne fais rien ». Sa parole est rare dans les médias, mais alors que les accusations fusent à l’encontre de sa société, il a décidé de rompre le silence. Éric Walmé est le directeur et fondateur d’INOE qui, installée à Vernouillet depuis 2016, transforme des déchets d’élagage et de bois de récupération en copeaux destinés aux chaudières. Toutefois, comme relaté dans notre édition du 5 février, des riverains – regroupés au sein du collectif Respire78 – dénoncent le rejet de particules de bois dans l’air, qui seraient à l’origine de pathologies respiratoires.

Auparavant directeur général d’une société dans le même domaine, dans le secteur de Montesson, Éric Walmé assure ne pas y avoir rencontré une telle hostilité. D’où son étonnement lorsque « le gros des plaintes » est arrivé à la fin de l’année 2023. « Je pense qu’INOE est une société vraiment vertueuse, se défend celui qui est aussi vice-président de l’association Fibois France. Je ne suis pas là pour jouer avec la santé des gens comme on veut me le faire porter. Je suis là pour apporter un service à la société qui a besoin de décarboner son énergie et de recycler, j’y crois, ainsi que France 2030 (le plan d’investissement pour la France, Ndlr) donc j’irai au bout, parce que ce qu’on me reproche aujourd’hui, ce n’est pas fondé ».

Interrogé sur les risques pour la santé des riverains, le PDG d’INOE est impassible. « Moi, tout ce que je sais c’est qu’aujourd’hui, on ne pollue pas. Je traite un déchet classifié non-dangereux, je fais confiance aux services de l’État qui confirment que je ne pollue pas ».

Justement, à la fin du mois de janvier 2024, le collectif Respire78 rencontrait les équipes de la Préfecture des Yvelines, de l’Agence régionale de santé (ARS) et de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT) à la sous-préfecture de Saint-Germain-en-Laye. Ses signalements ont résulté en une mise en demeure de l’usine INOE par la Préfecture, qui lui a ordonné de limiter ses émissions d’odeurs et, d’autre part, de faire réaliser une analyse des rejets de poussières par un organisme agréé indépendant. « Les analyses sont ressorties nickel, aux quatre coins du site et en dehors, assure Éric Walmé. On a poussé quand même loin, on est allé mettre des capteurs dans des écoles, on a demandé à des riverains de mettre des capteurs chez eux… Et les résultats sont bons, alors mon étonnement, il est là ».

Peu convaincus par les conclusions des analyses, les riverains soulignent le fait que celles-ci se soient déroulées en plein été, lorsque l’activité du site est au plus bas. Un non-sujet selon le directeur de la société. « La matière première elle rentre tout le temps, ce n’est pas moi qui commande quand elle arrive ou quand elle part. Les broyeurs sont là pour faire leur travail, ce n’est pas parce qu’il y a de la matière sur le site que toute cette matière là est broyée. Je n’ai pas changé mon activité, j’ai fait deux analyses et je suis même prêt à en faire plus si besoin ».

Suite à sa mise en demeure, INOE a également lancé toute une série de mesures pour limiter les nuisances, avec l’ajout de trois brumisateurs pour rabattre la poussière qui s’échapperait, ou encore l’arrêt total du broyage dès que les rafales de vent dépassent les 15 m/h. « En plus de ces analyses, j’ai investi dans des aménagements complémentaires pour encore réduire les risques. Aujourd’hui, on a un cahier des charges. Alors oui, ça m’indigne, cette façon de réagir sans chercher à comprendre. Qu’est-ce que je fais de mal ? Rappelons que nous développons une entreprise vertueuse de 35 salariés qui va doubler dans les deux ans ».

Elle est bien là, la nouvelle étape pour INOE : le déménagement de ses activités dans un futur écopôle lié à la filière bois à Carrières-sous-Poissy, et ce dès l’année prochaine. Ce projet piloté par l’EPAMSA a d’ailleurs pris en compte les polémiques de ces derniers mois, et prendra la forme d’un lieu totalement couvert. « Ce site, spécialement conçu pour notre type d’activité, va encore améliorer les choses parce que le stockage et le process seront dans des bâtiments, et non plus en extérieur. Cela va permettre d’avoir zéro poussière et zéro nuisance, mais c’est surtout un processus industriel. J’ai voulu monter une unité unique en France pour préparer les matières de demain de façon décarbonée. Parce qu’aujourd’hui j’utilise de l’énergie fossile sur les broyeurs, et l’année prochaine, j’utiliserai de l’énergie renouvelable. Donc en fin de compte, je vais boucler complètement le cycle : je récupère, je recycle, je fournis mon énergie, et j’assure les matières de demain pour les générations futures ». Une rencontre est prévue dans les prochains jours avec le maire de Carrières-sous-Poissy, Eddie Aït, pour lui présenter les plans du site.