
Le bâtiment a une vingtaine d’années, plutôt fière allure. Autour, un paysage bucolique, une forêt, un golf. Bienvenue au collège de la Montcient. Un établissement qui – en plus d’accueillir les jeunes de Gaillon-sur-Montcient – ouvre ses portes à ceux des villes aux alentours comme Hardricourt, Montalet-le-Bois, Jambville, Sailly… Mais l’image carte postale se désagrège, la faute à de multiples incidents.
Les chiffres donnent le tournis. Depuis le début de l’année scolaire, 175 exclusions de cours, 678 heures de retenues et 9 conseils de discipline – dont huit ont abouti à des exclusions définitives – ont été recensés. « C’est une petite poignée d’élèves qui fait des ravages » explique Mylène Galley, représentante des parents d’élèves. C’est le mot idoine puisque les toilettes ont été saccagées – alors qu’elles venaient d’être refaites à neuf – idem pour le foyer scolaire où les faux plafonds sont sortis de leurs emplacements.
« On sentait le truc venir » avance un professeur qui a préféré rester anonyme. Lors de l’ouverture en 2002, il y avait environ 400 élèves alors que ce chiffre dépasse les 500 dorénavant. « Les effectifs sont restés les mêmes, avec un proviseur et un conseiller principal d’éducation. La surcharge de travail se sent même sur la description des offres d’emploi » ajoute l’enseignant. Résultat des courses, les chefs d’établissement se succèdent au bout de 2-3 ans, « ce qui n’est pas assez pour construire un projet pédagogique » pointe Mylène Galley. De plus, la principale actuelle fonctionne sans secrétariat. Sa secrétaire est partie en octobre, quant à sa remplaçante, elle est également absente pour raison médicale : « Elle gère tout l’administratif alors qu’elle devrait faire autre chose. » Elle aussi serait dans une grande souffrance puisque la fonctionnaire a été en arrêt maladie durant quinze jours en décembre dernier.

La direction des services départementaux de l’éducation nationale des Yvelines (DSDEN) est au courant de cette situation invivable car elle a reçu plus d’une dizaine d’alertes depuis le début de l’année scolaire, la dernière datant du 8 janvier. « On nous a rétorqué que pour cette année ce serait trop juste » se désespère Mylène Galley, « et qu’il fallait attendre 2026 ! » renchérit le professeur anonyme. Le 13 mars, tous ont décidé de passer à l’action. Jour inédit dans l’histoire de ce collège, 100 % du personnel était en grève. Et le lendemain, rebelote, une opération « collège mort » a été lancée. Un succès également pour les équipes pédagogiques : seule une poignée d’élèves s’est présentée aux portes de l’établissement. À la suite de ces deux événements, le soir même, la DSDEN informait les enseignants d’une audience dans leurs locaux à Guyancourt le 18 mars… « audience finalement reportée sans explication à la semaine suivante » s’emporte le professeur.
En attendant que ce rendez-vous soit honoré, représentant des parents d’élèves et professeurs demandent tous la même chose : un principal adjoint, un 2ème CPE et deux surveillants supplémentaires pour monter leur nombre à 6. « Pour la première fois de ma carrière, j’ai des parents qui ont retiré leurs enfants en cours d’année. Le bouche à oreille commence à être négatif » s’émeut l’enseignant anonyme.