
D’ordinaire, lors d’une cérémonie de lancement de travaux, on pose la première pierre de l’édifice en question. Mais mercredi dernier, sur le quai du port de Limay, élus et représentants d’Haropa Port et d’Ikea ont plutôt empilé… les cubes des fameuses armoires modulables du géant de l’ameublement suédois.
Si les pelleteuses s’activent depuis le mois de novembre dernier sur l’ancien site occupé par PSA, cette date du 26 mars n’a pas été choisie par hasard pour célébrer le début officiel du chantier. « Aujourd’hui, cette première pierre correspond au moment où se terminent les évacuations, par voie fluviale, des déblais préalables à la construction du bâtiment à partir du quai sur lequel nous nous trouvons », précise Benoît Rochet, directeur général d’Haropa Port. Ces déblais transportés sur la Seine filent en direction du port de Bruyères-sur-Oise, où ils sont valorisés et traités.
Un procédé vertueux qui s’inscrit dans la logique globale du projet : « réduire l’empreinte carbone » et accélérer la « mutation » des schémas logistiques. Le futur centre de distribution d’Ikea, qui devrait sortir de terre au début de l’année 2027, permettra d’acheminer les commandes des clients franciliens par voie fluviale au rythme de deux rotations quotidiennes vers la capitale, avant que des véhicules électriques prennent le relais pour apporter les colis à la porte des Parisiens. « Le transport fluvial est environ cinq fois moins émetteur de gaz à effet de serre que le transport par la route », avance Benoît Rochet.

Le président d’Ikea France Johann Laurell, présent pour l’occasion, a précisé les raisons qui poussent la firme suédoise à développer son service de e-commerce. « Pré-pandémie, la part de commandes en ligne était de 7 à 8 %, a-t-il souligné, en anglais dans le texte. Aujourd’hui, celle-ci s’élève à 28 %. Cela a été un grand changement. Nos clients veulent aussi plus de services, dont la livraison à domicile. C’est donc un projet qui s’adapte à ces besoins ».
Ce ne sont pas moins de 380 000 mètres cubes de marchandises qui seront traités chaque année sur le site limayen, qui occupera une surface de 60 000 m² sur le port. Un site qui, jusque dans sa conception, s’inscrit dans la volonté d’Haropa Port et d’Ikea de réduire leur impact environnemental. « Nous sommes heureux de construire un bâtiment économe en énergie, se satisfait Johann Laurell. En fait, aujourd’hui en Île-de-France, nous produisons plus d’énergie renouvelable que nous n’en consommons. Il y aura des panneaux solaires sur les toits, un parc éolien… Ce site sera également vert, avec la plantation de 180 arbres, qui permettra d’avoir 25 % de la surface recouverte de végétation ».
Bien que le volet environnemental enchante le maire de Limay Djamel Nedjar, ce dernier a particulièrement insisté sur le volet économique du projet. Et on le comprend : dans les QPV (Quartiers prioritaires de la Politique de la Ville) de sa commune, 30 % des 16-25 ans sont sans emploi ou hors du parcours scolaire. « Citroën Félix Faure (l’ancien occupant de l’emprise portuaire, Ndlr.) fonctionnait avec une trentaine d’agents. Bientôt, on va passer à 350 emplois, et à terme 500 emplois. Cela nous permet de proposer des solutions à nos habitants qui souffrent parfois des difficultés de la vie ».