
La consternation. Quelques jours après l’effroyable meurtre d’Aboubakar Cissé dans le Gard, un nouvel acte islamophobe avait lieu, cette fois-ci dans les Yvelines. Le 29 avril, au niveau de la rue de Versailles à Poissy, une jeune femme de 26 ans s’est faite arracher son voile alors qu’elle promenait son enfant d’un an dans une poussette. « Elle est encore sous le choc, nous confie Mourad Dali, porte-parole du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines (CIMY). Elle est même retournée auprès d’une partie de sa famille en région parisienne afin de se retrouver au calme. » En effet, en plus de la violence de l’acte en lui-même, la Pisciacaise a encore plus pris peur lorsqu’elle a été aspergée d’un liquide, ainsi que son enfant. « Après analyse, il s’avérera finalement être de l’eau » précise le porte-parole.
Malgré la violence de l’événement, la mère de famille a hésité à porter plainte. « Cela provient de deux raisons, la première est de ne pas être prise au sérieux lors du dépôt de plainte, ensuite la déception vis-à-vis de la réponse pénale. » Mise au courant des faits, la Préfecture n’a pas attendu pour se positionner et condamne fermement cet acte. « Je salue le préfet des Yvelines qui grâce à son intervention a permis à beaucoup de politiques d’être au courant de ce qui s’était passé, ce qui a apporté un climat d’apaisement aux citoyens français de confession musulmane » note Mourad Dali. Une réunion a ensuite eu lieu entre les équipes de Frédéric Rose et le CIMY.
« C’était déjà prévu en amont, depuis le week-end du meurtre d’Aboubakar Cissé » confie le représentant du conseil des institutions musulmanes des Yvelines. Durant celle-ci, le haut fonctionnaire a assuré que les dispositifs de sécurité allaient être renforcés aux abords des lieux de culte musulmans. À l’instar de la Préfecture, la maire de la cité Saint-Louis est rapidement montée au créneau. « À Poissy aucune forme de haine, de racisme ou de rejet de l’autre n’a sa place, a indiqué Sandrine Berno dos Santos. Ce geste abject est une atteinte à nos valeurs républicaines, et à notre devoir de protection envers chaque habitant, quelle que soit sa religion, son origine ou sa condition. Plus que jamais, restons unis face à l’intolérance ».
La Ville a donc pris l’initiative d’organiser un rassemblement pour la paix le 6 mai lors duquel tous les représentants des cultes ont été conviés. « C’est important car il y a un vrai risque de scinder la nation avec tous ces actes de racisme, que ce soit antisémite, anticatholique… » s’alarme Mourad Dali. Grande figure de Poissy, le député de la 12ème circonscription Karl Olive a également témoigné de sa solidarité en appelant le CIMY dès le lendemain de l’agression.
Actuellement, l’enquête est toujours en cours afin de retrouver le suspect. D’après le Parisien, les analyses des images de vidéosurveillance n’ont pas été concluantes. « Nous savons que c’est pris au sérieux par les commissariats, par exemple, la personne qui a proféré des menaces envers la mosquée de Sucy en Brie a été arrêtée en moins de 24 h » signale le porte-parole.
Une hausse des agressions islamophobes en 2025
Le Parisien a dévoilé les chiffres de la direction nationale du renseignement territorial (DNRT). Celle-ci a noté 79 actes islamophobes dans l’Hexagone entre janvier et mars 2025. Alors qu’il n’y en avait eu que 26 en janvier et 17 en février, la DNRT en recense 36 en mars. Le quotidien d’informations régionales précise que les données d’avril n’avaient pas été communiquées.
Ces chiffres représentent donc une hausse d’environ 72 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2024. Cependant, le Parisien indique qu’il y en avait eu 54 sur la même période. « C’est la phase émergée d’un iceberg, précise Mourad Dali, le porte-parole du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines (CIMY). Le gros problème, c’est que beaucoup de personnes ne signalent pas les discriminations ou les attaques dont elles peuvent être victimes. Et donc, on a une sous-évaluation du phénomène. » L’État et l’association Addam vont lancer une plateforme de signalement en ligne fin mai pour mieux appréhender les actes islamophobes.