Pour les Municipales, la droite s’organise avec des nouveaux courants de pensée

Les élections municipales de 2026 se déroulent dans moins d’un an. Si la gauche n’a pas encore établi sa stratégie, la droite et le centre-droit élaborent la leur. Et les petits nouveaux « Populaires ! » et « Horizons » vont tenter de tirer leur épingle du jeu.

C’est un fait, les Yvelines sont une terre de droite, du moins politiquement. Il n’y a qu’à voir le nombre de maires des communes de plus de 5 000 habitants qui s’en revendiquent. En 2020, sur les 69 sièges à pourvoir, 44 sont revenus à un élu de droite ou affilié, 14 pour le centre et seulement 9 pour la gauche. Et le raz-de-marée fut encore plus saisissant au niveau du Département puisque tous les conseillers sont issus du même bord politique. Alors que dans moins d’un an, les Françaises et les Français devront se rendre aux urnes afin d’élire leur édile local, la droite et ses alliés espèrent donc réaliser le même score. Les tractations sont déjà dans l’air depuis plusieurs mois et des petits nouveaux pointent le bout de leur nez comme « Horizons » et ­« ­Populaires ! ».

Le parti d’Edouard Philippe affiche de vraies velléités municipales. En février 2023, une soirée avait eu lieu à Poissy pour annoncer la création de 6 comités locaux. « Nous en comptons 25 actuellement, détaille Emmanuel Haiat, maire-adjoint chargé du numérique de Saint-Germain-en-Laye et délégué départemental d’« Horizons ». Grâce à des délégués municipaux comme l’appelle le parti, des soirées sujets sont organisées sur des sujets comme l’agriculture en mai dernier. » Le but étant donc de faire remonter les attentes de la population afin de les porter dans un programme plus global. Ce que revendique également le courant de pensée de Gérald Darmanin. « C’est un think-tank qui rassemble des élus de terrain, des experts, des citoyens engagés. Ils doivent faire émerger des propositions utiles au débat national » explique Julien Chambon, le maire d’Houilles et porte-parole du mouvement du Garde des Sceaux.

Une personnalité commune les aide à s’implanter sur notre territoire : Karl Olive. Le député de la 12ème circonscription revendique une amitié de plusieurs dizaines d’années avec les deux hommes politiques. « J’ai fait la connaissance de Gérald Darmanin lorsqu’il était directeur de campagne en 2008 de David Douillet et pour Édouard Philippe, c’était pour la primaire Les Républicains de 2016 aux côtés d’Alain Juppé » précise-t-il. L’ancien maire de Poissy voit même d’un bon œil leur arrivée : « Abondance de bien ne nuit pas. » Et en dehors de l’aspect affectif, l’élu pisciacais admire chez eux leur parcours politique similaire au sien, naviguant entre plusieurs mandats locaux avant d’arriver à la tête d’une Ville.

Au cours de l’été 2024, Edouard Philippe s’était déplacé à Poissy afin de rencontrer les élus du territoire.

Quels sont donc les mantras qui animent « Horizons » et « Populaires ! » ? « Pour ma part, je suis là pour y défendre des idées concrètes notamment sur le logement et l’accès à la propriété » évoque Julien Chambon. « Le sérieux dans les comptes, et tous les sujets qu’Édouard Philippe met en avant comme la réforme des retraites » avance Emmanuel Haiat. Si ces mouvements cherchent à s’implanter nationalement, les Yvelines restent une terre de prédilection. Tout d’abord parce qu’il y a un côté « petite France ». « Il y a une diversité urbaine et rurale, des défis en matière de logement, de mobilité ou d’éducation » énumère l’élu saint-germanois. Puis, parce qu’actuellement le territoire est très bien représenté dans les arcanes du pouvoir : Gérard Larcher, ancien maire de Rambouillet et président du Sénat, Yaël Braun-Pivet, résidente du Pecq et à la tête du Perchoir, ou bien Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et ex-conseillère municipale de la commune rambolitaine.

Cependant, la présence ou non d’une étiquette sur les affiches de campagne pose encore question. En effet, de nombreux candidats clament régulièrement des slogans comme « mon parti, c’est ma ville », à l’instar de Pierre-François Degand à Villennes-sur-Seine dernièrement. « Jamais je n’ai mis le logo d’un parti politique sur mes affiches de campagne, rappelle Karl Olive, hormis celui d’Ensemble pour les Yvelines ou Génération terrain. » « C’est une formule que je comprends. Les élus locaux doivent rester libres et ancrés » concède le maire ovillois. Selon lui, « « Populaires ! » c’est une capacité d’analyse, des retours d’­expérience et des outils de réflexion ».

« Des alliances en bonne intelligence » assure Emmanuel Haiat, délégué départemental d’Horizons, pour les élections municipales 2026.

Le délégué départemental d’Horizons acquiesce en son sens : « Il n’y aura aucune obligation particulière. Je pense même que beaucoup partiront sans étiquette. » Alors à quoi peuvent bien servir les deux têtes de gondoles ? « C’était un homme très apprécié pendant la période Covid » justifie Emmanuel Haiat, tandis que pour Julien Chambon, « Gérald Darmanin apporte une stature nationale, une exigence de résultats et un lien fort avec l’État. Son engagement, notamment ministériel, renforce la crédibilité du mouvement. »

« Chez Populaires ! », on vise plutôt l’échéance présidentielle de l’année suivante. « Gérald Darmanin sera incontournable pour 2027 et a déjà dit qu’il fallait une primaire » certifie le député de la 12ème circonscription. Du côté d’« Horizons », les alliances avec les autres partis de droite et de centre-droit sont en cours de négociation et seront révélées à la mi-juin. Pour le moment, il y a quelques sujets de friction comme à Conflans-Sainte-Honorine où Aurore Bergé ne voudrait pas voir Laurent Brosse être investi alors qu’il a été condamné en première instance pour des faits de harcèlement moral et sexuel, décision dont il a fait appel. À Mantes-la-Jolie la question reste également en suspens alors que Raphaël Cognet est déjà affilié « Horizons » et qu’un vieux loup de mer, ancien membre des Républicains et de retour au conseil municipal, lorgne sûrement sur son ancien fauteuil de maire. Enfin à Poissy, le mystère reste entier entre la maire sortante Sandrine Berno dos Santos ou le possible retour de Karl Olive. D’ailleurs, 100 citoyens pisciacais ont déjà fait part de leur envie de revoir l’ancien édile retrouver sa couronne. « Dans tous les cas, ce sera fait en bonne intelligence » espère le délégué départemental d’« Horizons ». Car le parti d’Edouard Philippe veut augmenter son contingent de maires – actuellement moins d’une dizaine – afin de peser dans les futures élections sénatoriales et intégrer de plus en plus les strates du pouvoir.

Par ailleurs, l’arrivée de ces deux mouvements signerait-elle le futur glas du parti macroniste comme l’a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas ? « Je ne le dirais pas aussi brutalement, avance Karl Olive, force est de constater qu’avec l’impossibilité pour Emmanuel Macron de se présenter en 2027, un nouveau logiciel est en train de se mettre en place. » Et les trois hommes interrogés s’accordent sur un point : leur souhait de ne pas voir les extrêmes arriver au ­pouvoir.