Comme en première instance, Mohamed Lamine Aberouz condamné à la prison à perpétuité

Le 21 juin, à la cour d’assises spéciale de Paris, Mohamed Lamine Aberouz se tient droit en attendant la lecture de son verdict. Depuis trois semaines, lui et ses avocats, Mes Vincent Brengarth et Nino Arnaud, essayent de démontrer qu’il n’était pas présent lors de l’assassinat de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider à leur domicile de Magnanville le 13 juin 2016, que ce fait est seulement imputable à Larossi Abballa. Sauf que le terroriste a été tué le soir même par le RAID et ne peut ni infirmer ni confirmer les arguments du Franco-Marocain de 31 ans.

Frédérique Aline, la présidente de la cour met fin au suspense. Aux 17 questions établissant la culpabilité du Muriautin, la majorité finit par un « oui » et à l’instar de son premier procès, Aberouz est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Le Parisien rapporte que ses avocats ont d’ores et déjà annoncés qu’ils se pourvoiraient en cassation. Les deux hommes ont réagi de la même manière qu’en octobre 2023. « Il n’y avait en réalité aucune marge de manœuvre. C’est en matière antiterroriste le doute qui profite à l’accusation et non à l’accusé. La juridiction a pris la décision d’ajouter un deuxième homme dans un agissement solitaire » écrit le journal d’informations régionales.

Le « fameux doute » portait sur la trace d’ADN retrouvée sur l’appuie-tête et la ceinture côté passager du véhicule utilisé par Larossi Abballa pour aller à Magnanville, ainsi que sur l’ordinateur personnel du couple Salvaing-Schneider. Pour celle présente dans le véhicule, Aberouz avait déjà trouvé une explication. Oui, il connaissait le terroriste. « Je l’accompagnais souvent dans ses tournées de distribution de sandwichs » avait-il indiqué à la cour. Pour l’autre, c’était aux experts de statuer. Le discours de la spécialiste entendue le 16 juin servait plutôt la défense. Dans une scène relatée par le quotidien d’informations régionales, Me Thibault de Montbrial, avocat de la famille Schneider, lui avait demandé si un gant avait pu servir comme « vecteur de transfert » de l’empreinte génétique.

« Il n’est pas possible d’exclure le transfert secondaire, opéré par un objet ou une tierce personne » a répondu l’experte qui a bien précisé qu’il n’y aura jamais de « certitude scientifique » sur la présence ou non de Mohamed Lamine Aberouz sur la scène de crime. De plus, le principal intéressé a toujours revendiqué être en train de prier à la mosquée des Mureaux lors de l’attentat terroriste. Selon lui, son seul « crime » est de connaître Larossi Abballa.

« Il a agi seul », a-t-il martelé face à l’avocat général et a même exprimé sa « surprise et sa sidération » sur le passage à l’acte de son ami : « Je n’ai jamais décelé une attitude suspecte et dangereuse de sa part. » L’AFP rapporte également que Mohamed Lamine Aberouz a une nouvelle fois condamné l’attentat de Magnanville de manière « ferme et absolue ». À l’issue de cette journée du 21 juin, il est retourné en détention et attendra derrière les barreaux le dernier acte de son épisode judiciaire.