Le nouveau procureur de la République du tribunal de Versailles face à de nombreux défis

Trois semaines après son arrivée, Jean-David Cavaillé a été officiellement intronisé procureur de la République du tribunal de Versailles par l’intermédiaire d’une audience solennelle le 19 juin. Il promet une politique judiciaire raccord avec les problématiques du territoire.

Assis tranquillement dans son siège, Jean-David Cavaillé attend patiemment. Présent depuis le début de mois de juin au tribunal de Versailles, le nouveau procureur de la République n’avait pas été officiellement confirmé dans ses fonctions. Pour cela, il fallait passer par une audience solennelle qui s’est tenue le 19 juin. En plus des personnalités qu’impose le protocole, le magistrat avait convié plusieurs de ses connaissances – certaines venant même de Papeete – qui ont jalonné son parcours ­professionnel long de 30 années.

C’est la cinquième fois que Jean-David Cavaillé va occuper un tel poste. Toutefois, il est conscient que la ville-préfecture se démarque des autres. « Elle est une des plus belles cours de France et mon poste le plus prestigieux » avance le haut-fonctionnaire. Cette notoriété l’engage et la tâche s’annonce quelque peu ardue sur de multiples plans. D’une part, parce qu’il succède à Maryvonne Caillibotte, partie en janvier après six ans de présence.

« Versailles était « son » parquet comme elle aimait le dire » précise Bertrand Menay, le président du tribunal judiciaire de Versailles. L’actuelle procureure générale à la Cour d’appel d’Amiens (Somme) aura marqué de son empreinte l’instance judiciaire versaillaise grâce à « la porte de son bureau toujours ouverte, même tard le soir » ou « l’incontournable point de permanence du matin ». Emmanuelle Lepicier, qui assurait l’intérim jusque-là, lui tresse également des lauriers : « Elle a dirigé ce parquet avec un dynamisme remarquable, alliant sa chaleur humaine, sa sincérité, sa ­simplicité. »

Jean-David Cavaillé l’a bien compris dès sa nomination. Les deux magistrats ont donc conversé ensemble « dans une forme de compagnonnage à distance » précise-t-il. Au-delà de l’aspect humain, le nouveau procureur de la République devra faire face à plusieurs défis. Bertrand Menay lui dresse le constat actuel. Entre 2024 et 2025, les Yvelines ont vu poindre les rixes entre mineurs et jeunes majeurs, les règlements de comptes souvent liés au trafic de stupéfiant ainsi qu’une augmentation du phénomène de prostitution des mineurs recrutés par les réseaux sociaux. De plus, le président du Tribunal regrette également les baisses de moyens mis à disposition et les problématiques RH. Sur les dix cabinets de juges aux affaires familiales possibles, sept d’entre eux sont pourvus par exemple.

« Définir une politique pénale, c’est faire des choix, parfois difficiles, pour adapter la réponse pénale aux spécificités locales » expose Jean-David Cavaillé. Cela passera selon lui par « la CRPC déferrement » y compris le week-end, pour réduire la pression sur les audiences de comparution immédiate. Il souhaite également construire des réponses alternatives pédagogiques, la faute à une surpopulation ­carcérale ­alarmante à Bois d’Arcy.

Par ailleurs, le tribunal de Versailles comptera bientôt dans ses rangs un nouvel élément : un chien d’assistance. Le magistrat regrette de ne pas avoir pu emmener dans ses bagages Ura, un labrador de deux ans officiant à Perpignan, véritable boule de poil qui permet aux victimes de mieux se confier. « Loin de l’image de la belle endormie qu’on lui prête, la Justice répondra présent contre les narcotrafics, les atteintes à l’environnement et les formes de violences les plus graves » promet le ­procureur de la ­République.