
Vous les avez peut-être déjà aperçues dans les grandes surfaces yvelinoises. Bientôt, vous pourrez les déguster à 125 mètres de hauteur : les pommes de terre de la Ferme Frichot ont été sélectionnées pour intégrer les cartes automne/hiver des prestigieux restaurants de la tour Eiffel, le Madame Brasserie de Thierry Marx, et le Jules Verne de Frédéric Anton.
« C’est toujours agréable de voir son travail récompensé », glisse Clarisse Frichot dans un sourire. C’est la directrice commerciale – et « pièce rapportée », comme elle le dit elle-même – de l’exploitation familiale qui s’est rendue à la Dame de fer il y a quelques semaines pour présenter leurs produits au jury, après avoir passé avec succès la première étape de présélection en avril. Jury qui a été conquis, et qui a donc fait le choix de retenir la ferme boinvilloise parmi les neuf artisans de cette cinquième promotion de la Guilde des artisans. « La tour Eiffel attire le monde à elle, mais elle doit aussi se tourner vers l’extérieur, pour créer un lien avec les artisans qui font la richesse de notre territoire, soulignait Thierry Marx, président du jury, lors de la cérémonie. Cette initiative ramène leur talent au cœur de nos assiettes, en célébrant une créativité exigeante et durable ».

Une belle distinction pour cette famille yvelinoise qui, forte d’un savoir-faire étoffé depuis quatre générations, cultive désormais pas moins de 150 hectares de pommes de terre. Mais pas que : en 2018, lorsque les petits derniers Clément et Antoine Frichot ont rejoint l’aventure, l’exploitation s’est développée en se lançant dans la production de carottes. « C’est une culture qui existait il y a très longtemps dans les Yvelines, mais qui a été perdue parce que la carotte des sables s’est beaucoup développée dans les Landes, nous raconte Clarisse Frichot, élevant la voix pour couvrir le bruit des machines. Alors on a décidé de réintroduire les carottes yvelinoises, parce qu’il y avait une demande locale de plus en plus importante ».
Pas question, toutefois, de trop s’éparpiller. Car comme le dit Clarisse Frichot, ce qui fait la réputation de la ferme, « c’est la qualité ». « Les variétés que l’on produit, on les sélectionne pour leur goût, pas pour leur rendement. On vend uniquement en local, on ne veut pas faire du volume à tout prix pour inonder la France de nos patates. On pratique une agriculture raisonnée pour essayer de préserver nos sols, pour que nos légumes aient encore du goût dans 50 ans. Tout ça, c’est des choix exigeants ». Une exigence qui leur vaut d’intégrer non seulement les restaurants du coin, mais aussi les plus belles tables.