
Une génération de Muriautines et de Muriautins n’a connu que François Garay en tant que maire. Après l’élection de Dieynaba Diop en tant que député de la 9ème circonscription l’année dernière, celui-ci niait son envie de remettre le couvert pour les élections municipales 2026. Même si, au sein de l’hôtel de Ville, certains préfèrent attendre la date butoir de présentation des listes pour en avoir le cœur net.
Cela n’empêche pas plusieurs candidats de sortir du bois afin de prendre la succession de l’édile local. Il s’agit de son actuel adjoint à la Santé Damien Vignier, de l’ancien maire-adjoint au développement économique (2008-2014) Ali Mohammad et Afzal Chaudry, également présent au sein de l’équipe municipale entre 2003 et 2014 et chef de file local de La France Insoumise. Les trois saluent avant toute chose le bilan de l’actuel locataire de l’Hôtel de Ville.
« Le bilan de François Garay, notamment sur les rénovations urbaines, est plutôt très intéressant, commence le maire d’adjoint. Des projets sont en cours sur les dix prochaines années comme la rénovation du centre-ville, du quartier des Musiciens. D’autres quartiers vont sortir de terre ». « Depuis 2001, il y a eu un renouveau, notamment avec l’ANRU » concède également Ali Mohammad qui trouve également que la ville s’est assagie. « Dans les années 90, elle a connu une vraie descente aux enfers » détaille celui qui a longtemps travaillé dans un cabinet de conseil spécialisé dans le secteur public. Il prend comme exemple les émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk en juillet 2023 : « Hormis deux trois poubelles incendiées, il n’y a rien eu ».
Mais maintenant que les constructions ont refaçonné le visage de la ville, notamment l’éco-quartier Rouget de l’Isle, il faut du « vivre ensemble désormais » d’après Damien Vignier. « Depuis 5, 6 ans, on sent même un essoufflement » renchérit un Ali Mohammad plus critique. « Il y a eu trop de bétonnage, nous n’avons pas assez misé sur l’éducation » estime de son côté Afzal Chaudry. L’ancien encarté du Parti socialiste (jusqu’en 2017) a même créé le comité « Parents des Mureaux » afin d’alerter sur la situation actuelle. « 5 classes vont fermer l’année prochaine, s’exaspère-t-il, on est allés manifester plusieurs fois devant les locaux de la direction académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) et de la Région. »

Chacun prépare cette élection à sa manière. L’élu préposé au sport et à la Santé avait fait le choix d’annoncer rapidement sa candidature, dès janvier. « J’avais consulté François Garay avant de me lancer » se remémore-t-il. Depuis, plusieurs soirs par semaine, l’infirmier anesthésiste de formation va au contact des familles, des associations : « Les Muriautins attendent une vision sur les 5, 10 voire 15 prochaines années pour eux et leurs enfants. Nous sommes dans une ville où parfois plusieurs générations vivent sur le territoire ».
Même stratégie pour Ali Mohammad. Depuis trois ans, le désormais entrepreneur dans le domaine de la menuiserie s’active à travers son association « Les Mureaux d’hier à demain ». « On a rencontré plus de 40 acteurs de terrain, ce qui représente plus de 300 heures de travail » énumère-t-il. En revanche, Afzal Chaudry reconnaît un certain retard à l’allumage. Il a fallu une réunion publique sur le thème de « l’économie de guerre et la guerre sociale » le 18 juin pour que les militants se retrouvent après plusieurs mois. « On part de loin mais l’électorat est avec nous. Lors des élections législatives 2024, nous avons gagné 13 bureaux sur les 13, LFI est ancré dans tous les quartiers » analyse le chef de file du parti de gauche.
Des constats partagés
Pour les trois candidats, les priorités sont les mêmes. Tout d’abord l’éducation. En effet, la commune reste très jeune puisque 50 % de la population à moins de 25 ans. Damien Vignier dévoile alors une partie de son programme : « Il faut ouvrir le champ des possibles à notre jeunesse, qu’on leur fasse bénéficier de réseaux, qu’on leur donne les codes ». Selon l’ancien conseiller municipal c’est même « la mère de toutes les priorités pour nous ». « Dans 15 ans, on va payer dix fois le prix pour le réinsérer économiquement et socialement. » s’alarme-t-il. Ce qui pour Afzal Chaudry est déjà le cas.
« Trop de jeunes sont au chômage. À chaque passage d’un ministre délégué à l’égalité des chances, je leur disais plutôt de jouer au loto que de croire en leurs promesses » ironise-t-il. Autre problématique qui correspond également aux craintes nationales, la santé. « Deux médecins vont partir à la retraite, donc plusieurs personnes ne vont plus avoir de médecins traitants » prévient le chef de file de LFI. Cependant, l’infirmier se veut plus rassurant : « Un nouveau centre de santé va ouvrir en centre-ville. Et normalement, d’ici septembre, nous aurons la médecine sans rendez-vous avec deux ou trois médecins par jour. Et au niveau de la radiologie, pareil, il y a un projet de modernisation avec un nouveau scanner IRM. »

Bien qu’il partage ces craintes, Ali Mohammad veut revoir du dynamisme dans sa ville. « On est conscient qu’une partie de la population ne peut pas consommer aux Mureaux. Nous, ce qu’on veut, c’est que les gens aient le choix » soutient-il alors que la ville compte plus de 80 nationalités différentes.
Pour les élections municipales de 2026, chacun se met en valeur différemment. Damien Vignier profite de son engagement syndical – lui et d’autres soignants s’étaient battus pour éviter la fermeture du service natalité au CHIMM (Centre Hospitalier Intercommunal Meulan – Les Mureaux) – et associatif. À travers une autre association, il désire payer un clown pour le service pédiatrie de l’hôpital Dalal Jam au Sénégal. De plus, sa famille connaît bien les arcanes de la politique locale. Son père était maire-adjoint sous Alain Étoré (ancien maire des Mureaux de 1989 à 2001) et sa femme était présente dans l’équipe municipale de François Garay lors de son précédent mandat. « Je connais bien le fonctionnement des Agences régionales de Santé (ARS) et le fonctionnement des hôpitaux de par ma profession » explique l’élu.
Quant à Ali Mohammad, il se revendique comme « étant libre ». « Il y a des choses que j’aurais fait d’une manière différente. Par exemple, je pense que l’investissement dans le centre-ville aurait dû être quelques années en amont, il y a 7 ou 8 ans, pour que cela pèse moins sur les comptes de la Ville » propose le dirigeant d’entreprises. Il enjoint également d’autres personnes ayant les mêmes priorités que lui à le rejoindre dans l’aventure, peu importe l’obédience politique. Chez LFI, on mise plutôt sur une politique de rupture. Concrètement au niveau local, ce serait redonner du pouvoir d’achat. « Le pouvoir d’achat a chuté dans tous les quartiers des Mureaux, même ceux proches des berges de Seine, la taxe d’habitation a doublé et GPSEO qui augmente la taxe ménagère… » s’insurge Afzal Chaudry.
Le spectre de l’extrême-droite
Malgré trois listes différentes, toutes ont une sensibilité de gauche. Sachant que d’autres personnalités de la majorité DVG de François Garay vont sûrement se lancer – les rumeurs font état de Davy Ramos, chargé du développement économique, des commerces, de l’innovation et Cœur de ville et Papa Waly Danfakha, préposé à la démocratie implicative et des relations entre les services publics et les usagers – cela pourrait éparpiller bon nombre de votes. De quoi tracer un chemin pour l’extrême-droite ? « Je crains un scénario à la Mantes-la-Ville » avertit le chef de file LFI. En effet, en 2014, Cyril Nauth était devenu le premier maire FN d’une commune en Île-de-France à la faveur d’une quadrangulaire avec un duel fratricide entre deux listes de gauche. « Il y a un risque » concède également Damien Vignier. À l’instar de ce qui s’est fait durant les législatives 2024, tous iront convaincre les habituels abstentionnistes de rallier les bureaux de vote. Une tactique qui avait permis à une élue locale étiquetée Nouveau Front Populaire de garnir les rangs de l’Assemblée nationale.