Pour combattre le cancer du sein, les Dragon Ladies de Mantes se jettent à l’eau

Depuis 2020, l’AS Mantaise Canoë-Kayak propose une section de Dragon Boat aux femmes atteintes ou en rémission d’un cancer du sein. Une activité qui s’avère bénéfique tant sur le plan physique que psychologique.

Il est presque 18 h, à la base Patrick Forêt de l’île de Limay. Alors que de timides rayons de soleil succèdent à la courte averse de ce mercredi 2 juillet, Kathy hausse les épaules. « Il vaut mieux ça que la canicule », s’amuse-t-elle en accueillant ses comparses qui arrivent au compte goutte, t-shirt rose sur les épaules : c’est l’heure de l’entraînement des Dragon Ladies de l’AS Mantaise Canoë-Kayak.

Depuis 2020, le club propose en effet une section de Dragon Boat créée spécialement pour les femmes étant atteintes, ou tout juste remises d’un cancer du sein. Sur un embarcadère de 12 mètres de long pour 1 mètre 20 de large, 20 pagayeurs s’activent au rythme du barreur, à l’arrière, équipé de son tambour. Sport-santé par excellence, il a su prouver son efficacité au fil des années au point de donner vie à un véritable mouvement, qui se décline partout dans le monde aujourd’hui. « Le Dragon Boat aide surtout au niveau de l’amplitude du bras après les opérations, le mouvement de la pagaie enraye le lymphoedème, explique Kathy, responsable de la section. Ça diminue l’anxiété, le risque de récidive… Et puis socialement, le fait de se retrouver avec des femmes qui vivent la même chose que nous fait qu’on se comprend ».

Sur la cinquantaine d’équipages de Dragon Ladies éparpillée au quatre coins du pays, celui de Mantes-la-Jolie est le seul des Yvelines. C’est pour cela qu’on y trouve aussi bien des licenciées venues d’Aubergenville que de Gisors (Eure) ou de Maurepas. « Pour nous faire connaître, on utilise beaucoup les réseaux sociaux », raconte Kathy. Car bien que la pratique soit conseillée par les professionnels de santé, il n’existe pas encore d’aide financière ou de réelle passerelle entre l’hôpital et le quai des Dragon Ladies. « C’est conseillé par certains oncologues et certaines cliniques, mais ce n’est pas encore développé. Donc on dépose des flyers dans les différents services ». Un médecin est tout de même présent au club pour assurer le suivi des licenciées.

Au-delà des entraînements sur la Seine qui leur permettent de se réunir chaque semaine, les rameuses mantaises participent également à des événements d’envergure internationale. La dernière en date étant la Vogalonga de Venise, où les Dragon Ladies du monde entier se réunissent pour une régate de 32 kilomètres. « C’est un vrai challenge, se remémore Kathy dans un sourire. Avec tous les traitements, on se sent forcément diminuées. On se dit qu’on ne va pas y arriver. Et puis finalement, en étant portées par le groupe, on y arrive, toutes ensembles. On rigole beaucoup, on pleure, aussi, c’est beaucoup d’émotions ».

Ces instants suspendus, ces moments de bonheur, les membres des Dragon Ladies veulent continuer à les vivre. Mais pour une structure qui dépend des partenaires et des dons, l’avenir s’inscrit toujours en pointillés. « Chacune de notre côté, on démarche des commerçants, des sociétés, on essaye d’obtenir des subventions », raconte Kathy. Si vous souhaitez, vous aussi, soutenir les Dragon Ladies mantaises à votre échelle, vous pouvez faire un don à l’adresse www.helloasso.com/associations/association-sportive-mantaise/collectes/soutenez-les-dragon-ladies-de-mantes-la-jolie. Leur prochain objectif ? Participer à la Traverseine, à Paris, à la fin du mois de septembre.